Les Verts, tout comme les socialistes mais de façon nettement plus calme, sont en période de congrès.
C’est l’occasion de débattre des orientations pour les 3 années à venir et d’élire une nouvelle direction.
Je suis le mandataire national de la motion ADEP : altermondialisme, décroissance et écologie populaire : répondre aux défis !
A ce titre j’ai eu maintes fois l’occasion de présenter les enjeux soulevés par cette motion.
Je livre ci-dessous l’intervention que je fais dans ces circonstances. Tout n’y est pas dit car il manque les enjeux internes qui ne sont pas minces mais qui doivent cependant rester secondaires par rapport à l’état de notre société.
« Bonjour à toutes et à tous.
Notre assemblée générale se déroule dans un contexte particulièrement difficile pour la grande majorité de la population. La crise multiforme fait ses ravages. Crise financière mais plus encore crise économique, crise sociale et bien évidemment crise environnementale.
De plus nous avons le gouvernement le plus réactionnaire au plan social que nous ayons connu depuis le milieu du 20è siècle.
Un tel contexte devrait ouvrir un boulevard à nos propositions et nous devrions être au centre du débat sur les sorties possibles de ces crises.
Inutile de préciser que tel n’est pas le cas : les Verts sont inaudibles. Ils sont même souvent absents des études d’opinion sur les partis politiques, comme s’ils n’existaient pas.
Nous avons échoué à apparaître comme un parti généraliste capable d’apporter des réponses à ces questions et face au Grenelle de l’environnement et au pacte de Nicolas Hulot, beaucoup s’interrogent sur l’utilité d’un parti considéré comme strictement environnemental.
Pourtant toutes les motions (peu ou prou) parlent du lien entre le social et l’environnemental. Mais une fois les AG passées qu’en reste-t-il ?
Certains osent même dire que la crise environnementale est si grave qu’elle doit se traduire par des sacrifices pour tous y compris les plus pauvres. N’a-t-on pas entendu un responsable Vert candidat à de hautes responsabilités internes, se féliciter de la crise dans l’aérien et l’automobile, balayant d’un revers de main les conséquences sociales pour des centaines de milliers de travailleurs ?
A ADEP nous pensons qu’il n’est pas question de passer par pertes et profits le pacte social et les conditions de travail ou de rémunération alors que les 40 entreprises du CAC 40 vont voir leurs résultats augmenter de 12% en 2008 pour atteindre presque 100 mille milliards d’euros !
Alors oui il nous faut une redistribution massive des profits tout en organisant une décroissance de certaines consommations de bien jetables ou inutiles.
Mais en même temps nous affirmons qu’il faut évidemment accroître l’accès aux services de santé, d’éducation, l’accès à une nourriture et un logement sain et de qualité, l’accès à la culture.
C’est cela la décroissance solidaire et l’écologie populaire. Savoir réduire notre empreinte tout en améliorant le sort de plus pauvres et des plus démunis.
Il s’agit disons-le nettement d’une rupture avec le capitalisme et pas d’un simple replâtrage par injonction de centaines de milliards d’euros pour l’aider à s’en sortir et éviter la faillite des spéculateurs.
Nous devons profiter de cette crise pour proposer une réelle alternative sociale et environnementale.
Nous devons être les porteurs de l’espoir et ne pas laisser l’incantation à la révolution ou la résignation sociale-libérale occuper le champ des solutions possibles.
Nous devons apporter des réponses concrètes à celles et ceux pour qui la fin du mois et aussi voire plus importante que la fin du monde !
Nous devons savoir combiner les réponses de moyen ou long terme de reconversion du système productif avec les besoins immédiats de celles et ceux qui souffrent.
On appelle notre courant « la gauche des Verts » ! Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Serions-nous les vilains petits canards parce que nous oserions rappeler que des femmes ou des hommes vivent (ou survivent) avec en France avec 400 € par mois, que le SMIC réel est à 800 € compte tenu du temps partiel imposé, que des enfants ne mangent plus à la cantine parce que leurs parents ne peuvent plus la payer ?
Faut-il être à la gauche des Verts pour s’indigner qu’il y ait de plus en plus d’exclus en France ? Je ne peux le croire car cela reviendrait à considérer que les Verts (hors leur gauche) s’alignent sur le recentrage socialiste.
Ce que nous voulons à ADEP, ce que nous proposons, c’est que les Verts prennent à bras le corps ces questions sociales sans se contenter de répondre qu’il suffit de mieux consommer en achetant plus durable, de mieux s’isoler thermiquement, etc. bref de réduire son empreinte environnementale pour être plus heureux et mieux vivre.
La crise économique n’en est sans doute qu’à ses débuts et les prochains mois risquent d’être dévastateurs pour de nombreux salariés. Leur dira-t-on que leur sort n’est pas notre priorité ou que nous avons la solution par la simple relocalisation ou encore qu’avec l’isolation thermique nous créerons les emplois de substitution et qu’en attendant nous ne pouvons pas faire grand-chose pour eux ?
Certes nous n’allons pas abandonner nos exigences environnementales qui sont toujours d’actualité et plus urgentes que jamais. Mais nous ne pouvons nous contenter d’être sur ce seul champ dans le contexte actuel.
Nous ne pouvons non plus déléguer ces questions à d’autres partis au motif qu’ils en seraient les dépositaires par tradition parce qu’ils seraient plus crédibles sur ce terrain. Nous devons convaincre cette population en souffrance que nous avons des réponses pour elle et ce n’est pas parce que d’autres dénoncent l’arrogance du capitalisme que nous devrions nous empêcher de le faire à notre manière.
Le développement durable est en passe d’être récupéré par les multinationales qui ont compris qu’il y avait là une source de profits considérables à condition de ne pas toucher au système. Nous prônons la décroissance solidaire qui remet en cause le système lui-même. »