Adjoint au maire de Paris en charge de l’environnement, de la propreté et des espaces verts, Yves Contassot a été investi par le Conseil national des Verts pour affronter Françoise de Panafieu dans la 16e circonscription de Paris lors des élections législatives de juin prochain. Face au faible score remporté par Dominique Voynet au premier tour de l’élection présidentielle, Yves Contassot livre son analyse au Point.fr.
Lepoint.fr : A quoi imputez-vous le faible score des Verts au premier tour de l’élection présidentielle ?
Yves Contassot : Il tient à de nombreuses raisons. Les Verts se sont manifestement trompés de campagne. Dans un monde hypermédiatisé, on utilise les règles des médias car ce n’est pas eux qui s’adaptent à nous. Dominique a fait une campagne sérieuse, statique, quand il aurait fallu faire une campagne « fun » et décalée. Il ne s’agit pas de l’accabler car elle n’était pas seule, elle avait une équipe autour d’elle. Ces choix ont été collectifs. Elle a aussi certainement pâti de son image d’ex-ministre du gouvernement Jospin.
La culpabilité du 21 avril 2002 a également joué. Beaucoup d’électeurs écologistes, y compris certains de nos adhérents, ont préféré voter Royal ou Bayrou par crainte de voir se reproduire un tel scénario. Enfin, en choisissant de taper sur Nicolas Hulot, les Verts ont préféré défendre leur parti plutôt que l’écologie. Pour ma part, je pense que si d’autres que nous sont capables de mettre l’écologie en ?uvre, c’est une excellente chose. Je ne crois pas que les raisons de ce score soient structurelles. Nous verrons lors des prochaines échéances électorales. Ce qui apparaît en revanche, c’est qu’il y aura de moins en moins de place pour des « petits candidats » dans le cadre de l’élection présidentielle. Les Français sont immédiatement concentrés sur le second tour.
Quelle est votre priorité aujourd’hui ?
Assurer la défaite de monsieur Sarkozy en soutenant Ségolène Royal.
Qu’attendiez-vous d’un débat Royal/Bayrou ?
Qu’il montre clairement qu’il existe entre eux une tradition démocratique, républicaine et des points de convergence, notamment sur le plan des institutions et quant à la garantie de l’indépendance de certaines structures, y compris des médias… Entre Sarkozy, d’un côté, Bayrou et Royal, de l’autre, il y a l’opposition entre deux types de société : l’une repliée sur elle-même, l’autre basée sur l’ouverture. Alors, bien sûr, il y a des différences sur l’économie et le social, mais elles sont moins importantes que l’urgence démocratique.
Que vous inspire l’échange qu’ont eu François Bayrou et Ségolène Royal, samedi dernier ?
Sur la forme, ce débat a permis d’aborder les questions politiques d’une manière intelligente. Il me paraît important qu’un candidat, comme François Bayrou, qui a montré, au premier tour, qu’il pesait dans la vie politique française, puisse s’exprimer en vue du second tour. Il faut pouvoir accepter d’échanger et de confronter des points de vue, sans mépris ni haine. Nous ne sommes pas en guerre civile… Leur dialogue a montré de réelles convergences entre deux « démocrates » qui pensent le système politique actuel à bout de souffle. Ils veulent, tous deux, en finir avec la Ve République et sortir d’un système strictement majoritaire, où une UMP à 30 % peut imposer sa volonté à 70 % de citoyens qui n’ont pas voté pour elle.
Bien entendu, il y a aussi des divergences au plan économique et social. Elles ont été mises en scène et sont sans doute moins importantes qu’ils ont bien voulu le montrer. Leurs deux partis ont besoin de s’opposer pour exister. Mais, au fond, cela fait bien longtemps que le Parti socialiste s’est « recentré » sur le plan économique. Si Nicolas Sarkozy avait accepté le débat que lui proposait François Bayrou, je ne doute pas que leur rencontre aurait révélé des oppositions nettement plus fortes.
02/05/2007 – Propos recueillis par Chloé Durand-Parenti