Lors du Conseil de Paris, le maire a fait une communication s’apparentant à de nombreux égards à de simples effets d’annonce.
Beaucoup de ces mesures ne peuvent être mises en oeuvre car elles ne dépendent pas de la mairie mais de l’Etat.
Voici l’intervention que j’ai faite au nom de notre groupe d’éluEs.
Monsieur le Maire, mes cherEs collègues,
La communication que vous venez de faire porte sur LA pollution et non LES pollutions même si vous évoquez différents types de pollution dans votre intervention. Nous regrettons à cet égard que les pollutions visuelles, publicitaires ou paysagères notamment n’aient pas été intégrées à cette communication.
En revanche il nous semble qu’il y a plusieurs éléments qui n’ont pas de lien avec la pollution mais sont du ressort du plan climat et des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est dommageable à la compréhension des enjeux.
Pour notre groupe, la pollution atmosphérique, qui constitue l’essentiel de votre communication, est d’abord un enjeu de santé publique. Comme vous le soulignez elle entraîne une surmortalité forte ainsi que des affections chroniques pour les plus faibles.
Face à cela il est donc indispensable d’être exigeant, audacieux et solidaire.
De notre point de vue, le bilan n’est peut-être pas aussi enthousiasmant que vous le dîtes.
Si l’on s’en tient au rapport d’activité d’AIRPARIF pour l’année 2011 et à l’étude spécifique réalisée en 2007, la diminution de la pollution est variable selon les polluants.
Ainsi pour le dioxyde d’azote, il y aurait une augmentation du niveau de 2% depuis 1998 en proximité du trafic (page 75 du rapport) et non une diminution de 18%. Cela est du au diesel et aux filtres à particules.
Pour les oxydes d’azote, l’amélioration est incontestable avec une baisse de 37% mais un ralentissement certain de la baisse depuis 2006. Pour les particules fines c’est la stabilité quasi-totale ce qui est particulièrement inquiétant compte tenu des conséquences sur la santé.
Quant à l’ozone, AIRPARIF indique une stabilité depuis 2001 après une forte hausse dans les années précédentes.
L’impact de la politique municipale en matière de déplacements a été évalué par AIRPARIF et donne des chiffres intéressants. Sur la baisse de 32 % des oxydes d’azote, 6% sont liés à cette politique hors périphérique car pour cette infrastructure il n’y a aucun impact, les règles de circulation n’ayant pas été modifiées.
De même en matière de circulation, les chiffres de l‘Observatoire de la mobilité cachent des réalités diverses qui se traduisent pas une diminution globale de 11,5% de la circulation totale dans Paris, le périphérique représentant près de 80% de la circulation automobile maintenant contre moins de 75% en 2001.
On voit à quel point il est urgent d’agir sur le périphérique.
Votre communication fait état de propositions qui reprennent des suggestions que nous avions formulées et elles recueillent donc notre soutien le plus total pour certaines d’entre elles. C’est notamment le cas du péage sur les autoroutes franciliennes, la diminution de la vitesse ou encore le soutien au développement du fret hors véhicules automobiles.
Il nous semble néanmoins qu’il faut aller plus loin et corriger également quelques erreurs.
Ainsi pour la vitesse, il faut oser limiter cette vitesse à 30kmh sur tout Paris et cela n’aura pas de conséquences négatives puisque la vitesse moyenne est très inférieure. Certes en matière de pollution atmosphérique le gain sera faible, mais en matière de bruit et plus encore d’accidentologie la santé des Parisiennes et des Parisiens s’en trouvera améliorée.
Nous souhaitons également que le Préfet ose prendre des mesures réellement efficaces dès que les seuils sont dépassés et mette en œuvre la circulation alternée ainsi que le contournement de Paris. Il devrait d’ailleurs selon nous limiter strictement et en permanence l’accès au périphérique pour les camions les plus polluants.
Il faudrait oser revenir sur une décision malheureuse en matière de tarification du stationnement et faire en sorte que le stationnement résidentiel en ouvrage soit privilégié afin de fluidifier le stationnement ponctuel sur voirie.
Il faudrait oser s’aligner sur un nombre de plus en plus grand d’entreprises qui favorisent l’usage des transports en commun par une prise en charge plus importante des frais d’abonnement de leurs salariés, certaines allant jusqu’à 100% comme plusieurs SEM de la Ville par exemple.
Il faudrait oser dire à la RATP qu’il est plus que temps d’utiliser le rail pour transporter ses déchets plutôt que de les regrouper par camionnettes sur certaines stations de métro.
Enfin il faudrait oser ne pas se limiter à l’âge des véhicules pour en limiter l’accès mais tenir compte de la pollution émise ce qui limiterait considérablement certains véhicules récents tels que les plus gros 4X4 ou voitures de sport ou de prestige.
Tout cela ne pourra d’ailleurs prendre corps que si la dimension métropolitaine est réellement voulue et partagée.
Nous sommes assez surpris, tout comme la plupart des éluEs des communes du centre de la métropole parisienne, de l’absence de concertation préalable à cette communication.
La pollution ne connait pas les frontières administratives ni les enjeux de pouvoir et commet ses ravages indifféremment sur tout le cœur de l’agglomération.
Nous souhaitons également que par-delà les grandes déclarations lors des débats sur la pollution, ces préoccupations soient permanentes et prises en considération lors de chaque projet.
Comment préconiser la diminution de la pollution en accroissant les déplacements ?
Augmenter la capacité de Roland Garros c’est augmenter la pollution là où d’ailleurs elle est déjà la plus élevée.
Accroitre encore et toujours les mètres carrés de bureau dans Paris au détriment de la construction de logements supplémentaires, c’est inévitablement contraindre des franciliens à habiter ailleurs et donc à se déplacer en partie en voiture pour aller travailler.
On voit à quel point il y a urgence à disposer dans ce domaine comme dans d’autres d’une gouvernance métropolitaine, capable de prendre en considération les inégalités environnementales car elles recouvrent en grande partie les inégalités sociales.