Le Conseil de Paris doit se prononcer sur le bilan du PLU voté en juin 2006.
Voici l’intervention que j’ai faite au nom des éluEs écologistes.
Monsieur le Maire, mes cherEs collègues,
Depuis son adoption le PLU de Paris a subi de nombreuses modifications ou révisions simplifiées qui ont contribué à changer assez significativement les orientations d’origine.
Par delà quelques évolutions indispensables pour mieux coller à la réglementation ou visant à faciliter l’application du Plan climat, force est de constater que de nombreuses modifications ont eu pour objectif de répondre soit à un déplafonnement des hauteurs soit à permettre des opérations spécifiques comme l’extension de Roland Garros.
Vous connaissez notre opposition à cette façon de procéder et aux objectifs poursuivis, notamment en ce qui concerne la construction de tours à Paris.
- Cela ne renforce en rien la densification du territoire et ne permet pas de lutter contre l’étalement urbain.
- C’est une vision du passé des formes urbaines et architecturales.
- C’est un non sens au plan de la lutte contre le dérèglement climatique.
S’agissant du bilan que vous présentez en matière de logements, nous voulons souligner notre satisfaction à voir se développer la réalisation de logements sociaux à Paris. Nous sommes loin de l’année 2005 au cours de laquelle vous aviez trouvé scandaleux de voir voté un amendement demandant l’augmentation des objectifs en ce domaine. Nous sommes contents de voir que maintenant nous partageons les mêmes ambitions de permettre aux plus démunis de ne pas être contraints de quitter Paris.
Cependant les annexes à la délibération montrent qu’il faut poursuivre les efforts pour améliorer la répartition géographique des logements sociaux dans Paris. Le Nord et l’Est de Paris sont encore trop souvent sollicités par rapport à l’Ouest Parisien dont les éluEs poursuivent leur travail de sape contre toute évolution de leur territoire, montrant ainsi leur choix de classe, leur indifférence à la pauvreté et aux difficultés des ParisienNEs et Parisiens.
L’entre soi reste leur seul credo, le rejet de l’autre leur horizon.
Pour autant nous estimons que la politique de la Ville pourrait être encore plus solidaire et plus ambitieuse en arbitrant de façon plus favorable en faveur de la construction de logements plutôt que des bureaux.
Les exemples sont multiples :
- Triangle accueillerait plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés de bureaux si par malheur elle voyait le jour.
- Masséna Bruneseau pourrait voir se construire deux tours horribles aux mêmes fins.
- Sur Bercy Charenton, vous annoncez une modification de la répartition entre logements et bureaux au profit de ces derniers.
Ce n’est pas comme cela que vous réduirez les déplacements contraints et notamment les déplacements domicile-travail, bien au contraire, générant ainsi toujours plus de pollution.
En matière d’équipements nous apprécions évidemment les évolutions permettant de répondre aux besoins des ParisienNEs et Parisiens et notamment l’augmentation significative du nombre d’équipements de petite enfance.
Mais nous ne comprenons pas la vision parisiano centriste des grands équipements :
- Construire un nouveau stade à Jean Bouin alors que Charléty suffit et qu’il est prévu un autre stade à quelques foulées de là.
- Etendre Roland Garros en détruisant un site sensible et fragile pour le profit de quelques joueurs professionnels.
- Construire une fondation dans le bois de Boulogne plutôt que d’aider à la revitalisation de quartiers qui en ont tant besoin.
Il faut sortir de cette vision réduite au profit d’une approche métropolitaine.
Monsieur le Maire, vous avez déclaré hier que vous souhaitiez la création d’une Autorité organisatrice du logement métropolitaine contraignante pour les villes du cœur de la métropole.
Fort bien.
Imposer la création de logements dans des communes ou arrondissements qui font tout pour éviter la construction de logements sociaux devient nécessaire.
Je suppose que, comme nous, vous n’imaginez pas qu’on réalise des logements sans les aménités qui vont avec : crèches, écoles, équipements sportifs, culturels, espaces verts, commerces, etc.
Cela implique inévitablement qu’à côté de cette Autorité organisatrice du logement il y ait un PLH métropolitain et un PLU métropolitain.
Vous le voyez bien, seule la création d’une véritable communauté métropolitaine est susceptible de répondre à ces enjeux.
La prise en considération des besoins des ParisienNEs et des Parisiens mais aussi des centaines de milliers de FrancilienNEs et Franciliens qui viennent chaque jour travailler à Paris, qui contribue à la richesse de Paris, la solidarité, l’évolution de Paris en ville durable, ne pourront voir le jour que dans ce cadre métropolitain.
Vous annoncez une révision générale du PLU dès 2014 et nous savons que les services ont commencé à préparer cette révision.
Il serait dommage que cela se fasse dans le cadre du petit Paris.
Oser la métropole du Grand Paris, voilà le vrai défi.