Dette et déficit : une révolution à opérer !

Depuis plusieurs semaines, les médias semblent découvrir l’ampleur des problèmes financiers qui se posent tant en France que dans de nombreux pays.

L’agitation de N. Sarkozy et les pseudo-annonces effectuées lors de sa rencontre avec A. Merkel, ne peuvent dissimuler l’énormité des conséquences d’une politique suicidaire menée depuis plus de 10 ans maintenant.

En effet, depuis l’arrivée au pouvoir de L. Fabius comme ministre de l’économie, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de diminuer les recettes fiscales, au lieu de profiter des recettes parfois excédentaires pour désendetter la France.

Aujourd’hui la situation devient réellement difficile tant la baisse des recettes, liées en grande partie aux cadeaux fiscaux pour les plus riches d’une part, au chômage qui explose d’autre part, atteint des niveaux dangereux.

Ainsi depuis l’an 2000 c’est plus de 100 milliards d’euros qui ont été perdus, alourdissant ainsi la dette à rembourser. Chaque année c’est plus de 40 milliards de fraude fiscale qui manquent au budget de l’Etat, à cause notamment de la complaisance du gouvernement vis à vis des paradis fiscaux dont certains sont à nos portes : Andorre, Luxembourg, Monaco, Iles Anglo-Normandes, etc.

Il faut ajouter à ce tableau des diminutions de recettes, que dans le même temps jamais l’épargne n’a atteint de tels sommets : le stock dépasse maintenant les 3 600 milliards d’euros ce qui en dit long sur les profiteurs des cadeaux sarkosystes.

Ajoutons les 21 milliards d’euros de profit en 2010 pour les seules 5 plus grandes banques pour constater que la crise profitent bien à certains.

Manifestement la droite ne veut pas changer réellement de politique et après quelques ajustements cosmétiques, elle proposera d’aller encore plus loin dans la réduction des dépenses publiques, ce qui se traduira par encore plus de difficultés pour les plus pauvres.

Pourtant les solutions sont à portée de main dès lors que la volonté politique serait là.

Evidemment il faut commencer par augmenter les recettes plutôt que de diminuer aussi drastiquement les dépenses.

Bien sûr ces dernières pourraient diminuer dans quelques domaines comme le nucléaire militaire qui coûte très cher. Mais il faut impérativement ne pas toucher à toutes les dépenses qui permettent de soutenir réellement l’emploi (pas la défiscalisation des heures supplémentaires) ou de politique sociale.

Pour augmenter les recettes, il faut bien évidemment revenir sur les cadeaux fiscaux faits aux plus aisés, que ce soit en recréant des taux supplémentaires, en supprimant certaines niches fiscales scandaleuses, ou en admettant qu’au-delà d’un certain niveau (30 fois le salaire médian, soit environ 360 000 €) on peut légitimement considérer que l’impôt serait de 90 voire 100%. Personne ne peut en effet justifier qu’il est difficile de vivre avec moins de 30 000 € par mois.

Le déficit annuel du budget de l’Etat pourrait donc être réduit de façon rapide. Les propositions d’Europe écologie – les Verts (EELV), me semblent totalement pertinentes et pleines de bon sens. Même Mélenchon, jamais avare de commentaires aussi acerbes que sectaires contre EELV, reconnait le bien fondé de nos suggestions.

Mais il reste la dette. Plus de 1200 milliards d’euros à rembourser tant N. Sarkozy a vécu à crédit pendant son quinquennat (chiffres à fin 2010).

Certains prônent un défaut partiel de la France, estimant que cette dette est illégitime. La question mérite d’être posée mais la réponse n’est pas aussi simple qu’il y parait.

Faire défaut signifierait de définir quelle part de la dette n’est pas acceptable puis de choisir les créanciers que la France refuserait de rembourser. Or cela est techniquement quasiment impossible compte tenu des modalités de marché et tous les créanciers seraient susceptibles d’être ainsi exposés, rendant l’ensemble du système financier instable.

Cela est évidemment tentant de se dire qu’une crise complète avec l’effondrement de toutes les banques permettraient de repartir sur d’autres bases.

Sans aller jusque là, il me semble qu’il est possible de prendre une décision importante qui réduirait la dette de façon considérable, allègeant au passage la charge annuelle sur le budget de l’Etat (un peu plus de 40 milliards d’euros en 2010) et donc réduisant d’autant le déficit, tout en permettant de sanctionner les spéculateurs et de remettre en ordre le secteur financier français.

Il s’agit de socialiser les plus grands établissements financiers. Ceux-ci détiennent pratiquement le tiers de la dette française soit environ 400 milliards.

Socialiser ces établissements consistent à considérer qu’ils ont largement gagner de l’argent et rémunéré leurs actionnaires au cours des dernières années en profitant du système. Car lorsque l’Etat empruntent, les établissements financiers lui prêtent à un taux variant selon les émissions de 2,5 à 4,5%. Or ces établissements peuvent se refinancer auprès des banques centrales à des taux variant de 0,5 à 1,5%. Au passage ils empochent donc une énorme plus-value.

On peut donc aisément admettre que les actionnaires ont déjà été indemnisés d’un transfert de capital à l’Etat. Mais cela ne présenterait pas d’intérêt de se contenter d’une simple nationalisation. Les banques nationalisées par Mitterrand en 1981 n’ont pas démontré un sens de l’intérêt collectif plus grand que les ex banques privées.

Il faut donc revoir la gouvernance de ces établissements en introduisant plusieurs concepts. Le premier est la décentralisation pour que ces établissements redeviennent à taille humaine.

Le second est une modification en profondeur des acteurs prenant part aux décisions en matière de crédits ou de placements. Les collectivités territoriales, les clients, les salariés auraient ainsi toute leur place dans une socialisation.

Cela n’a rien d’utopique puisque deux grands établissements sont constitués sans actionnaires touchant des dividendes : le groupe BPCE et le Crédit agricole. Il faut évidement généraliser le principe et modifier les règles de fonctionnement.

Je n’évoque évidemment pas à ce stades les modifications profondes nécessaires en matière de supervision et de réglementation, indispensables pour lutter contre la folie spéculative qui s’est emparée de ce secteur depuis des années.

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