Le Maire de Paris a voulu baisser le prix de l’eau de 8% à Paris à l’occasion de la journée mondiale de l’eau le 22 mars. Cette décision était-elle justifiée ? Les modalités de mise en œuvre sont-elles pertinentes ? Quels seront les principaux bénéficiaires ? Quelle sera l’économie pour les ParisienNEs ?
Au plan des principes, il n’est pas contestable que le retour de la gestion de l’eau en régie municipale se traduit par une diminution des coûts de gestion et dégage un excédent confortable de plus de 60 millions d’ euros pour l’exercice 2010.
Il est donc logique a priori que les usagers du service de l’eau en tirent un bénéficie. Pour autant ce bénéficie peut se traduire de façon très différente selon les choix politiques qu’on veut faire.
Le Maire de Paris a décidé que la baisse de 8% serait appliquée uniformément pour tous les usagers.
Et c’est là que le bât blesse.
En effet, tout le monde ne consomme pas l’eau potable pour les mêmes usages et surtout dans les mêmes proportions. C’est pourquoi je me bats depuis longtemps pour qu’il y ait création d’un tarif social de l’eau à Paris pour les ménages les moins riches.
Or il s’avère que la Régie n’a pas procédé aux études permettant de calculer l’impact de cette baisse sur les différentes catégories d’usagers.
Ainsi pour un célibataire dont la consommation moyenne est de l’ordre de 40m3 par an, la diminution de la facture représentera moins de 30 centimes d’euro par mois ! Pour une famille de 5 enfants, en moyenne la ristourne sera d’environ 1,2 € par mois !!
En revanche pour les 60 plus gros consommateurs la diminution de la facture sera de 7500€ par an !
De plus cette baisse ne porte que sur le tiers environ de la facture car les deux autres tiers représentent les coûts liés à l’assainissement et les taxes. Baisser de 8% la part « eau potable » se traduire en réalité par une baisse de moins de 3% de la facture. Et encore cela serait vrai si les deux autres tiers n’augmentaient pas ; or il est d’ores et déjà prévu une hausse de 7% de ces parts.
Par ailleurs, le Maire de Paris a exigé une contrepartie à cette baisse : l’indexation du prix de l’eau alors qu’il avait annoncé un blocage du prix de l’eau jusqu’en 2014. Cette indexation va donc se traduire par des augmentations annuelles dont personne n’est capable à ce jour de prédire le montant. En effet les prévisions ont été faites sur la base de l’inflation des années passées, sans tenir compte des récentes études qui indiquent une reprise de l’inflation. On pourrait donc se retrouver en 2013 ou 2014 avec un prix de l’eau supérieur au prix actuel, prix qui devait bloqué pendant 5 ans.
Il faut aussi ajouter qu’une alternative a été proposée à cette baisse uniforme : une dotation plus importante aux actions favorisant la baisse de la consommation car cela aurait un impact sur la totalité de la facture et pas seulement sur un tiers de cette facture. Pour ce faire il aurait fallu généraliser la dotation de kits et ne pas limiter cette dotation aux seuls locataires de Paris Habitat. Nous avons également suggéré d’informer largement la population sur ces dispositifs pour que la baisse engendrée par ces kits (estimée à 20% minimum), se traduise par une moindre ponction sur la ressource.
Le choix était donc de baisser la facture de 20% pour l’ensemble de la facture pour les moins riches en les équipant gratuitement, et d’inciter les autres à le faire, ou de baisser le montant de la facture de 3% pour tout le monde.
Devant le refus obstiné de simplement étudier cette alternative, je n’ai pas eu d’autre choix que de m’abstenir lors du vote sur la baisse du prix de l’eau.