Sarkozy peut-il encore être considéré comme un démocrate ?

Chaque jour qui passe apporte une nouvelle décision du Président de la République ou de son Gouvernement qui pose de plus en plus crument la question de la nature du régime sous lequel nous vivons.

Il n’est pas contestable qu’à ce jour les règles les plus élémentaires de la démocratie n’ont pas encore été remises en cause telles que le droit de vote ou la possibilité le régime de la pluralité politique.

Cependant de nombreux signes et décisions ne peuvent qu’inquiéter quiconque se souvient de l’histoire et n’oublie pas que des régimes autoritaires ont d’abord été victorieux de scrutins démocratiques. On ne peut que constater le populisme croissant sur lequel repose la politique menée par N. Sarkozy. Déjà pendant la campagne présidentielle il n’a pas hésité à utiliser les vieilles recettes de la droite populiste consistant à flatter les pires instincts en désignant les boucs émissaires, en l’occurrence les jeunes des banlieues en les assimilant par ailleurs à des étrangers (comprendre des musulmans) alors même que la plupart sont de nationalité française. Vilipendant les chômeurs suspectés d’être des profiteurs, stigmatisant la perte de pouvoir d’achat, dénonçant les fonctionnaires bénéficiant de la garantie de l’emploi, N. Sarkozy a joué sur les frustrations et les déceptions liées à une politique libérale portée depuis plus de 20 ans par les gouvernements de droite mais aussi de gauche, hélas.

Depuis son élection N. Sarkozy a franchi un nouveau pas. C’est désormais sans vergogne qu’il utilise tous les moyens que lui donne sa fonction pour se servir d’une part et servir la classe qu’il représente.

Les nominations à des postes clés sont avant tout politiques et surtout doivent être le fait du prince, créant ainsi à son endroit une obligation de loyauté indéfectible. Les procureurs sont évidemment au premier rang des préoccupations de Président, au même titre que les Préfets. Les responsables des médias ou les dirigeants des quelques entreprises encore publiques ne sont pas choisis pour leur compétence mais pour leur capacité à servir la politique de N. Sarkozy et de ses amis.

Jamais depuis des années, le Président de la République et ses ministres n’avaient utilisé la justice au mépris des règles démocratiques les plus élémentaires, rompant le principe de la séparation des pouvoirs. La criminalisation de toute action de contestation devient la règle : les syndicalistes, les manifestants, mais aussi les simples opposants qui critiquent tels ou tels ministres sont poursuivis par le régime comme des criminels. Dire « Sarkozy je te vois » ou comparer le parcours de M. Besson à celui de Laval conduit devant les tribunaux. Seuls les régimes dictatoriaux osaient pratiquer de la sorte.

Non seulement il faut réprimer tout ce qui s’oppose mais il faut aussi anticiper. Les programmes scolaires doivent être revus pour éviter de favoriser l’esprit critique au meilleur sens du terme. L’histoire ou les sciences sociales sont naturellement les premières visées, tout comme l’Ayatollah Khomeiny supprimait les maths modernes dès son retour au pouvoir.

Au plan institutionnel le renforcement du pouvoir personnel du chef de l’Etat est permanent. Non seulement il réduit l’indépendance du Parlement en exigeant de pouvoir venir devant lui mais il impose une restriction aux droits de la minorité en limitant drastiquement son temps de parole et son pouvoir d’amendement. Transformant les Assemblées en simple chambre d’enregistrement, il n’hésite pas non plus à réformer les autres institutions à la hussarde en passant par-dessus leurs droits essentiels de s’administrer librement comme la Constitution le garantit pourtant.

Même l’armée, la police et la gendarmerie sont mises à son service. Le moindre de ses déplacements se transforme en exercice militaire digne des manœuvres de l’armée s’entraînant à la guérilla urbaine.

Le budget de l’Elysée n’a jamais atteint de tels sommets et rien n’est trop beau ou coûteux pour le Président.

La grande crise de 1929 a vu la montée de l’autoritarisme dans la plupart des pays avec son apogée fasciste. Alors certes l’histoire ne se répète pas dit-on. Mais les signes avant coureurs d’une remise en cause des principes élémentaires de la démocratie sont déjà là. C’est inquiétant et il est plus que temps de réagir.

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