Le Budget 2009 de la mairie de Paris a été discuté lors du Conseil de Paris des 15 et 16 décembre derniers. Je suis intervenu au nom des Verts pour rappeler que le budget n’est pas seulement une discussion sur des tableaux de chiffres. Il s’agit de traduire en données chiffrées les politiques décidées. Et nous ne sommes pas totalement satisfaits des orientations engagées. Voici mes propos :
Intervention budget 2009
Monsieur le Maire, mes chers collègues,
Le débat sur le budget n’est pas seulement une discussion sur des tableaux de chiffres. Il s’agit de traduire en données chiffrées les politiques décidées. On ne saurait donc se limiter à parler technique budgétaire ou simplement avoir une analyse sur l’impact de tel ou tel amendement au plan de ses conséquences financières, sans se poser la question plus globalement.
Les propositions qui sont faites correspondent-elles
• Aux exigences de la période et des crises telles que Sylvain Garel les a décrites dans son intervention,
• Aux attentes des Parisiennes et des Parisiens, notamment au plan social et environnemental,
• Aux conditions de travail des personnels qui sont au service de leurs concitoyens.
A cet égard je voudrais tout d’abord aborder ce dernier point.
La lecture des différents documents syndicaux traduit une inquiétude croissante parmi les agents de la ville et du département. On constate une forte insatisfaction qui monte de toute part depuis plusieurs mois y compris de la part de syndicats qui sont traditionnellement considérés comme modérés. Il est toujours facile de fustiger les syndicats en parlant de surenchère mais cela n’est pas très sérieux.
L’analyse de la politique menée en matière de ressources humaines laisse effectivement interrogatif. Certains choix apparaissent comme totalement incompréhensibles : on assiste à une multiplication du recours à des non-titulaires y compris pour remplacer des postes statutaires et cela en contradiction totale avec la loi. La résorption de l’emploi précaire appartiendrait-elle au passé ?
Nous voyons de plus en plus d’anciens collaborateurs de cabinet trouver un emploi au sein de l’administration parisienne. Nous pourrions nous en féliciter si cela était fait dans le respect des règles de recrutement et des concours. Hélas tel n’est pas le cas et nous ne pouvons nous satisfaire de cette pratique qui fait fi des compétences techniques nécessaires pour occuper des fonctions au service des Parisiennes et Parisiens.
Nous pourrions nous féliciter de constater qu’une unité administrative voie ses effectifs croître sans limite semble-t-il. Mais comme il s’agit de l’Inspection générale et que cela n’est du qu’à une volonté manifeste de se débarrasser de personnes qui ne plaisent pas ou plus et pour faciliter des nominations parfois peu crédibles, nous n’admettons pas le malthusianisme qui est la règle pour la plupart des directions et cette facilité pour l’inspection générale.
Nous ne pouvons non plus cautionner certaines approches nouvelles. Ainsi pour les parcs et jardins par exemple, il faudrait s’aligner sur les ratios d’agents par m² d’espaces verts à entretenir tels qu’ils existent dans certaines villes de province. Comment peut-on envisager une telle aberration sauf à méconnaître totalement la réalité des espaces verts de Paris. Cela revient à nier la densité de population de Paris, à oublier que Paris est la ville la plus touristique du monde et que près d’un million de salariés de banlieue vient travailler à Paris chaque jour. On voit bien que sous le vocable mal compris de benchmarking, se dissimule seulement la décision de réduire le personnel au détriment de l’entretien et donc de la satisfaction des Parisiennes et Parisiens. Les Parcs et jardins parisiens ont une réputation mondiale pour leur qualité. Va-t-on ou veut-on la faire disparaître parce qu’on privilégie Jean Bouin ou Rolland Garros ?
La mise en œuvre de ces rations se traduirait inéluctablement par une diminution de la qualité de nos jardins et remettrait aussi en cause les usages nouveaux décidés depuis 2001. Ainsi l’accès du public aux pelouses se traduit par un surcroît de travail. Faudra-t-il les fermer à nouveaux faute de moyens pour les entretenir ? Nous avons donc déposé un amendement qui a une force symbolique évidente même s’il ne porte que sur un nombre restreint de postes.
Nous sommes également soucieux que les engagements pris soient respectés. Mettre fin à un conflit social n’est jamais chose aisée mais lorsque des créations de postes font partie de l’accord celles-ci doivent être réalisées sans condition. Nous avons donc déposé également un amendement pour que les 5 postes prévus pour la bibliothèque Marguerite Yourcenar soient intégrés à ce budget.
Nous regrettons vivement le principe retenu du simple redéploiement comme outil de gestion du personnel. Affirmer cela c’est dire qu’il y a des emplois inutiles ou surnuméraires ici ou là. Mais qui a décidé de les créer au cours du précédent mandat ? Nous avions à juste titre créé des emplois pour compenser la réduction du temps de travail. Veut-on revenir sur cela ? Nous ne croyons pas au travailler plus pour gagner plus. Bien au contraire.
Comment à cet égard ne pas constater que les moyens humains dans certaines directions restent très inférieurs à ce qu’ils devraient être. Par exemple à la DPE, la réduction du temps de travail n’a pas été compensée totalement en terme de temps travaillé. Il s’en suit une insatisfaction des Parisiennes et Parisiens. Certes tout ne peut passer par seulement une augmentation du nombre d’agents. La réorganisation de 2003 a montré que l’on pouvait aussi trouver un accord avec le personnel pour faire autrement. Mais à un moment donné il faut aussi accepter des renforts en agents quand ces derniers représentent l’essentiel des moyens.
Sylvain Garel a noté ce matin l’urgence à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout autant que de lutter contre les inégalités sociales. Nous avons vu ce week-end à Poznan à quel point le chef de l’Etat était capable de sacrifier l’avenir de la planète pour obtenir une apparence d’accord de l’ensemble des pays européens, uniquement pour terminer sa présidence en faisant croire qu’il était capable de faire céder les autres. Au plan national on voit les lois Grenelle s’enliser et remise à plus tard. On parle maintenant de fin 2009 pour débattre de la loi Grenelle 2, celle qui commencera à traduire en décisions concrètes les grands discours. Nous étions fiers, à Paris, d’avoir un plan climat voté à l’unanimité en octobre 2007, plan climat qui a donné des objectifs ambitieux et réalistes avec un engagement de le financer chaque année.
Or nous ne pouvons que nous inquiéter après les déclarations publiques de la Directrice Générale du Pavillon de l’Arsenal et également directrice déléguée de l’APUR, indiquant qu’il faudrait réviser les objectifs du plan climat et préconisant la suppression de toute norme en matière de construction à Paris. Lui a-t-on fait dire tout haut ce que certains préconisent sur les zones d’aménagement comme les Batignolles ? Au contraire, les Verts ont toujours souligné que le plan climat était une opportunité formidable pour l’emploi ou pour le pouvoir d’achat.
Alors voir des projets pourtant inscrits dans le plan climat remis en cause ou différé ne nous paraît pas une bonne décision. Comment comprendre que l’on va remettre à plus tard le remplacement des chaudières des bâtiments de la Ville ? Nous allons pendant ce temps non seulement dépenser des sommes importantes en matière d’énergie mais nous n’atteindrons pas les objectifs en matière de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. Pourtant la direction des finances a admis qu’il fallait dorénavant raisonner en coût global et ne pas séparer investissement et fonctionnement dans l’appréciation d’un projet. Or une analyse fine de ce dossier des chaudières montre qu’un éventuel report se traduirait par une dépense globale supérieure. C’est pourquoi nous espérons que notre amendement relatif à l’augmentation du budget d’investissement trouvera un écho favorable.
Dans le même esprit nous souhaitons que les amendements relatifs à l’environnement, à la lutte contre la pollution atmosphérique, à l’analyse des substances chimiques concernées par la directive européenne REACH, au suivi de la biodiversité à Paris, que ces amendements qui montrent la volonté d’avoir une politique environnementale ambitieuse seront accueillis avec la bienveillance correspondant à cette nécessaire ambition.
Nous avons également lancé un programme municipal, unique en France, de jardins partagés. La demande en la ma
tière ne faiblit pas. Or il ne s’agit pas là de seulement créer des espaces verts. Ces jardins remplissent une fonction sociale indiscutable et il serait tout à fait dommageable que là encore, la seule approche soit strictement financière. Je note au passage que la plupart de ces jardins partagés sont ouverts dans des quartiers populaires et sont une des composantes de la politique de la Ville.
En conclusion, j’espère vous avoir convaincu que nos amendements sont fondés car correspondant à des attentes réelles et fortes ainsi qu’à des engagements pris. C’est pourquoi je suis certain que vous aurez à cœur de les prendre en considération sans penser qu’ils viennent d’un groupe particulier mais uniquement en fonction de leur intérêt.