Privatiser la collecte des déchets à Paris : une décision purement libérale !

L’annonce récente par un représentant de la Direction de la propreté et de l’eau (DPE) de la décision du maire de Paris de privatiser une grande partie de la collecte des déchets mérite une analyse des arguments avancés pour en apprécier le bien fondé.

Pour cela il faut avoir présente à l’esprit l’évolution de la collecte au cours des années passées.

Un peu d’histoire.

Après les grandes grèves des éboueurs de la ville de Paris, le maire de l’époque, J. Chirac, décide de privatiser la moitié de la collecte en 1983. Pour faire passer la pilule il revalorise sensiblement les salaires des chauffeurs de benne. Il instaure en même temps le repos obligatoire le week-end pour tous les éboueurs qui ne collectent pas (balayage des rues, lavage, etc.). Les entreprises SUEZ et VEOLIA (ex-VIVENDI) se partagent les nouveaux arrondissements privatisés. Ces entreprises obtiennent l’autorisation de collecter le soir, au moment où il y a moins de difficultés de circulation sauf dans les 1er et 2è arrondissements et sur la Butte Montmartre. La régie continue de collecter le matin sauf dans le 12è où une expérience est menée en soirée.

Début 2001 il y a 9 arrondissements collectés en régie et 11 par le privé.

En 2001, j’ai décidé de casser les deux monopoles en fractionnant les lots et en entamant une remunicipalisation. Le 19è arrondissement, le plus sale à l’époque, a été choisi en accord avec le maire de l’arrondissement. Malheureusement celui-ci a imposé le changement d’horaire de collecte et cela n’a pas permis d’engranger les gains attendus. Par ailleurs la municipalisation n’a été que partielle, car faute de disposer de bennes et de chauffeurs, seuls les ripeurs (personnels qui manipulent les bacs derrière les bennes) seront des agents de la ville. Depuis les 2è et 3è arrondissements ont suivi le même processus.

Fin 2007, il y n’a donc plus que 8 arrondissements collectés entièrement par le privé.

             2001	

             2007

Vert : collecte publique ou semi-publique (2è, 3è et 19è) Jaune : collecte privée

Pour une gestion rationnelle et optimisée des moyens, dans chaque arrondissement, le ramassage des ordures ménagères et celui des déchets recyclables sont effectués par le même prestataire (régie ou privé). La collecte du verre est, elle, entièrement, confiée à l’entreprise

Le projet.

L’arbitrage du maire de Paris tel qu’il est connu aujourd’hui consiste à redonner au privé les 3è et 19è arrondissements et à ajouter les 9è et 16è arrondissements.

                        2009 ?

On verra plus loin que cela n’est pas le fruit du hasard.

Les arguments.

1. La collecte par le privé serait de meilleure qualité.

Toutes les études réalisées montrent qu’il n’y a pas de réelle différence entre public et privé sur le plan qualitatif. Le public a l’avantage d’avoir la même qualité partout alors que pour le privé cela peut varier d’une entreprise à l’autre et donc d’un arrondissement à l’autre.

2. La collecte par le privé coûterait moins cher.

Les études menées par la DPE ont varié dans le temps. Avant 2001, elles montraient que le privé coûtait environ 10% de plus que le public. En 2007 une nouvelle étude concluait à l’inverse ! Pourtant les paramètres n’ont pas sensiblement changé. Ce qui change en réalité, ce sont les données que l’on prend en compte. Ainsi en 2002, pour favoriser la collecte privée, le gouvernement a décidé d’abaisser le taux de TVA de 19,6 à 5% ! La collecte publique n’a évidemment pas eu de tels avantages.

Le privé ne facture à la ville qu’une partie des coûts réels liés à son activité. Les éboueurs ne peuvent en effet pas travailler jusqu’à leur retraite sur la même activité compte tenu de la pénibilité du travail. Aussi, vers 45 ou 50 ans, la plupart sont obligés de renoncer, soit en démissionnant, soit en étant déclarés inaptes. La solidarité financière n’est alors pas assurée par l’entreprise privée mais par la collectivité nationale à travers la sécurité sociale ou le chômage. Autant de coûts en moins pour l’entreprise. C’est la socialisation des coûts et la privatisation des profits. A l’inverse, en régie, le personnel reste éboueur jusqu’à sa retraite et les frais sont donc imputés comme coûts de structure. Il est donc normal qu’il y ait un écart.

De plus dans le privé, le nombre d’intérimaires est plus ou moins important selon les entreprises, mais peut atteindre 50%. Il n’y a donc pas d’ancienneté payée d’où un coût de main d’œuvre moindre.

Le fait que les bennes puissent également être utilisées en dehors de Paris en changeant les faces latérales, diminue sensiblement le coût d’amortissement des bennes. La collecte en régie ayant toujours ou presque lieu le matin, il est difficile d’amortir les bennes dans les mêmes conditions. Pour cela il faudrait pouvoir faire tourner les bennes le matin et le soir, et donc changer les horaires de collecte dans certains arrondissements. Le maire de Paris ayant laissé totale liberté aux maires d’arrondissement, le statu quo a été la règle. Or l’horaire de collecte est un des éléments clés du coût. Le 4è qui est collecté le matin en privé est plus chère que la moyenne des collectes publiques. De même la collecte publique dans le 12è, le soir, est nettement moins chère que les autres collectes du matin. Cela s’explique par les conditions de circulation qui permettent de collecter beaucoup plus pendant la même durée de travail quand la circulation est fluide.

3. La collecte par le privé dégagerait des moyens pour la propreté.

C’est la grande idée nouvelle : les éboueurs qui ne collecteront plus pourront balayer les rues. Il est vrai qu’aujourd’hui, malgré les 600 embauches supplémentaires depuis 2001, il manque encore environ 450 personnes à la propreté pour faire face aux besoins.

La première raison est liée aux 35 heures. La collecte ou le balayage ne permettent pas des gains de productivité liés à la réduction de la durée du travail. Or le temps total de travail de l’ensemble des éboueurs après les 35h reste très en deçà de ce qu’il était avant, même en intégrant les renforts d’effectifs. Il y a donc nécessairement un manque de moyens structurels.

De plus la demande a considérablement augmenté au cours des dernières années pour diverses raisons. L’exigence des ParisienNEs qui ne supportent plus ce qu’ils ont enduré pendant des dizaines d’années. Les enquêtes ont montré une attente beaucoup plus forte en ce domaine, liée incontestablement à une évolution socio démographique de Paris. Par ailleurs il y a une augmentation considérable des activités sur la voie publique engendrant des nettoyages supplémentaires. Les grandes manifestations, Fête de la musique, Marche des Fiertés, Paris Plage, Technoparade, mais aussi la multiplication des brocantes et fêtes de quartier, etc. se traduisent par un surcroît d’activité insoupçonnable. Ainsi l’état de Paris (dans le centre notamment) après la Fête de la musique, peut se traduire par un délai d’une semaine de travail avant que la propreté soit de retour. Il y a également des affichages de plus en plus nombreux pour des concerts ou autres manifestations commerciales qui nécessitent des interventions fréquentes pour enlever tout ce qui est obsolète.

Face à cela, le maire de Paris a toujours refusé de suivre les demandes d’augmentation des effectifs pour ne pas alourdir le budget. Pourtant si l’on compare à d’autres villes telles que Madrid, Paris dépense moins par habitant pour la propreté alors qu’il y a une surfréquentation touristique ] ]>

Une réflexion au sujet de « Privatiser la collecte des déchets à Paris : une décision purement libérale ! »

  1. bonjour monsieur le maire de paris.Alors voici la politique d un partie soit disant de gauche qui na cesse d oprimer les salariès du privè par des méthodes de harcelement pour récuperation de quelques billet sous formes de penalitè.Crise de rire alors que dans la fonction publique (collegue de la teritoriale)les conditions de travail sont des plus favorables.Il faut savoir que la politique de Delanoe c est reduction de cout donc on attribue les marchès au plus bas et en ensuite pour nous se sont des reductions de benne de la labeur supplémentaire jusqu’a èpuisement des hommes et lorsque ceux ci sont foutus alors c est chomage par invaliditè au travail.Il faut savoir aussi que aucun politique de la mairie de paris ne c est jamais penchés sur les infrastuctures dediès au privè , resultat nous nous rebattons à chaque appel d offre pour ne plus se sentir meprisè par des infrastructures précaires que l on ne donneraient pas à des chiens.Merci Delanoe , merci contassot, merci et a son successeur incompetant et je vous l annonce clairement il va y avoir une greve sans prècédent à paris et tres bientot si vous touchè aux nombre de benne du 3ème et 11éme arrondissement.

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