L’ancienne ministre de l’Environnement, parachutée dans le 12e arrondissement de Paris, vient de démontrer sa capacité limitée à parler de façon sérieuse du problème de la pollution atmosphérique.

Sa réputation d’écologiste compétente en prend un sacré coup.

Dans une intervention, le 27 février dernier, elle a déclaré que la politique menée à Paris depuis 2001 en matière de circulation se traduisait par une augmentation des particules fines et de l’ozone.

Pour étayer cette assertion, elle affirme que ce sont les embouteillages qui sont à l’origine de ces hausses.

Pauvre Mme Lepage. Une simple consultation du site de AIRPARIF lui aurait évité de prononcer une telle ânerie. Elle aurait ainsi appris que s’il y a une augmentation apparente du niveau des particules, c’est uniquement parce que la méthodologie de mesures a changé, sous mon impulsion. En effet, la France n’appliquait pas la même méthodologie pour mesurer les particules que les autres pays européens, ce qui laissait penser que nous étions les meilleurs en la matière. Après moultes réticences, puis force études, AIRPARIF a mis au point une nouvelle méthode qui semble plus fiable. Cela a permis de constater que nous étions aussi mauvais que les autres pays en ce domaine.

Le niveau des particules est particulièrement élevé et malheureusement les responsables gouvernementaux refusent de mettre en place les outils et décisions qui s’imposent. Il faudrait qu’un seuil d’alerte soit fixé à un niveau sérieux et non pas comme aujourd’hui à un niveau fixé arbitrairement pour qu’il ne soit quasiment jamais atteint. Cela impliquerait naturellement que le préfet de Région assume ses responsabilités et mette en oeuvre les mesures de restriction de la circulation lorsque ce seuil serait atteint.

En ce qui concerne l’ozone, Mme Lepage touche le fond. L’ozone n’est pas un polluant primaire émis par les véhicules. C’est un polluant secondaire qui provient d’une modification de polluants primaires au contact de l’atmosphère. Sa particularité tient au fait qu’on mesure le taux d’ozone à des kilomètres de l’endroit où ont été émis les polluants primaires. Ainsi l’ozone mesurée à Paris provient surtout des émissions du nord-est de l’agglomération, voire de la Belgique.

De même les pollutions émises à Paris se traduisent par de l’ozone essentiellement au sud-ouest du bassin parisien.

Je reste confondu devant de telles déclarations. Soit Mme Lepage connait la réalité et cela signifie qu’elle ment effrontément, soit elle ne sait pas et c’est encore plus grave.

Il est vrai qu’elle n’a pas hésité à dire une autre énormité lors d’un débat que j’ai eu avec elle récemment sur France 3 Ile de France.

Elle a expliqué doctement qu’il fallait accroître le nombre de places de stationnement devant les commerces de proximité à Paris pour que les clients puissent venir en voiture. Aller chercher son pain ou son bifteck en voiture, voilà la nouvelle suggestion de Mme Lepage pour faire baisser la pollution à Paris.

Décidément, elle justifie plus que jamais sa réputation de ne pas être réellement une écologiste, mais plutôt de se servir de l’écologie pour faire des affaires en tant qu’avocate.

Cela ne lui réussit d’ailleurs pas toujours puisque dans la défense des communes du littoral breton touchées par la catastrophe de l’Amoco Cadiz, elle a été condamnée à reverser à ces communes les honoraires qu’elle avaient perçus, la justice considérant qu’elle n’avait pas travaillé sérieusement le dossier et que c’était essentiellement les avocats américains qui avaient fait le travail.

Bref, Mme Lepage n’est pas une écolo !