Ce dimanche 10 février un grand meeting de soutien à Ayaan Hirsi Ali s’est tenu, en sa présence, à l’Ecole normale supérieure de Paris.
Ce fut un grand moment d’émotion mais aussi un temps politique fort.
Pour celles et ceux qui l’ignoreraient encore, Ayaan Hirsi Ali est victime d’une fatwa retrouvée sur le cadavre de Théo van Gogh, dont elle fut la scénariste. Théo van Gogh fut retrouvé assassiné de 8 balles de revolver, égorgé et poignardé deux fois. C’est l’un de ces poignards qui fixait la fatwa.
Ayaan Hirsi Ali est d’origine somalienne et a fui sa famille et future belle-famille qui, après un mariage forcé, voulait l’emmener au Canada. Réfugiée politique en Hollande, elle finit par être élue députée. Mais très vite ses prises de position farouchement laïques et même antireligieuses notamment vis-à-vis de l’Islam, lui attirent des ennuis. Son parti politique prend ses distances, les menaces prolifèrent jusqu’à l’assassinat de Théo van Gogh.
Sa nationalité hollandaise lui a été retirée au motif qu’elle n’avait pas dit la vérité pour l’obtenir, puisqu’elle s’était fait passer pour une réfugiée politique. Or la Hollande, comme la plupart de pays, n’accepte ce statut que pour les personnes victimes de violences de la part d’un Etat.
Depuis, sa protection policière lui a été retirée. Elle vit aux Etats-Unis grâce à une protection financée sur fonds privés.
Ayaan Hirsi Ali demande à obtenir la nationalité française. C’est d’autant plus justifié que N. Sarkozy avait promis pendant la campagne présidentielle que toute femme persécutée dans le monde trouverait refuge en France. Il s’agit maintenant pour lui de tenir parole.
De très nombreuses personnalités étaient présentes dimanche à cette soirée organisée essentiellement par Charlie Hebdo et Libération. Beaucoup de responsables politiques également.
Le discours de Rama Yade était évidemment très attendu. Allait-elle enfin prononcer les mots tant attendus permettant à Ayaan Hirsi Ali de vivre en France sous protection ? Hélas, la lecture d’un message du président de la République en a laissé plus d’un pantois. Loin de s’engager, il a parlé d’étudier la situation et surtout de voir les possibilités au niveau européen lorsqu’il présiderait l’Union, à partir du 1er juillet.
Le murmure de déception en disait aussi long que le visage, un peu las, de Ayaan Hirsi Ali.
L’analyse de la lâcheté de la gauche et d’une partie de la droite contre les intégrismes fut particulièrement pertinente. Les responsabilités des uns et des autres finement mises en évidence.
Le rôle de la France et la faute qu’elle commettrait en refusant la nationalité à Ayaan Hirsi Ali furent unanimement répétées.
Bref un grand moment, auquel je suis heureux d’avoir modestement participé.
Ce serait une grande reconnaissance pour le courage et l’engagement de cette dame que la France, pays de liberté, defenseur des droits de l’homme, ayant sur le fronton des mairies ce dicton "liberté, égalité, fraternité" lui accorde la nationalité Française.