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La mort de Rémi Fraisse n’est pas un hasard

Jeune militant écologiste, pacifiste reconnu, Rémi Fraisse est mort sous les coups de la police militarisée d’un Etat qui ose encore parler de démocratie.

Pourquoi est-il mort ? La France est-elle en état de guerre civile au point que l’armée puisse se permettre d’utiliser des armes destinées à tuer ? Pourquoi le représentant local de l’Etat a-t-il cru bon de mettre en place un dispositif militaire de cette ampleur alors que la manifestation contre le projet stupide et démesuré du barrage de Sivens était annoncée comme calme et sans risque ?

Pourquoi le ministre de l’intérieur prend-il immédiatement la défense inconditionnelle des gendarmes et CRS sans même un mot de compassion pour la famille de Rémi ?

A toutes ces questions il est permis d’affirmer que tout ceci n’est pas le fruit d’une simple bavure.

Depuis des années nous assistons à une dérive très dangereuse de l’analyse par les gouvernements successifs de tous les mouvements sociaux ou syndicaux qui osent dire qu’ils ne sont pas d’accord avec leurs choix libéraux (et de plus en plus libéraux). Criminalisation systématique dans les discours, les manifestants étant de plus en plus assimilés à des dangereux casseurs, anarchistes, voulant détruire le socle démocratique.

Cette dérive n’a pas été corrigée, bien au contraire, avec l’arrivée de Manuel Valls place Beauvau. Dès ses premières déclarations il a pris fait et cause pour la police contre les citoyens, refusant toute critique des dérives pourtant largement dénoncées d’une partie de cette police dont on aurait espéré qu’elle redevienne protectrice des citoyens et non pas honnie et crainte pour ses excès.

Certes tous les policiers et tous les gendarmes ne sont pas factieux, ne votent pas FN, ne violent pas les lois de la République, et sans aucun doute la majorité aimerait donner une image plus positive.

Mais face aux crises sociales, démocratiques, environnementales, économiques, les choix d’un ajustement structurel comme le préconisait le FMI il y a déjà plusieurs dizaines d’années, ne peuvent être mis en oeuvre qu’avec un écrasement de toute capacité de réaction de la population et particulièrement des plus engagés que ce soit au plan syndical ou dans les associations, ONG, etc.

En renonçant immédiatement  à la fin des contrôles au faciès, Manuel Valls a clairement signifié à la police qu’elle serait couverte quoi qu’elle fasse. Pour certains c’était le signal attendu et la liberté d’intervenir comme bon leur semble.

Rémi Fraisse est victime d’un tir de grenade mais avant tout de cette politique.

En cela le premier responsable est le Président de la République et son premier ministre.

En toute logique ils devraient être poursuivis pour ce crime par destination.

On sait bien que dans notre 5ème république monarchique, les fusibles sont là pour protéger le monarque. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, aurait du présenter immédiatement sa démission pour préserver sa hiérarchie.

En jouant la montre en attendant les rapports d’experts, puis en tentant aussi maladroitement que scandaleusement de faire porter la responsabilité de la mort de Rémi Fraisse à d’autres, il montre qu’il n’a ni le sens des responsabilités, ni le courage d’assumer sa fonction, ni l’éthique d’un homme politique de gauche.

Ce faisant il poursuit la lente agonie de la gauche social-démocrate, la renvoyant aux pires excès de la 4ème République, à un Jules Moch envoyant 60 000 CRS contre les mineurs en grève.

Christiane Taubira vient de redonner leur honneur à ces grévistes. Qui redonnera son honneur à Rémi Fraisse parmi ce gouvernement ? Tant que Bernard Cazeneuve y siègera cela sera impossible.