La prise en compte de ces préoccupations dans les achats et les marchés des collectivités publiques constitue un formidable levier d’action. C’est ce qu’on appelle le « verdissement de l’administration ». Les Verts Paris avaient mis cet objectif dans leur programme municipal en 2001 mais il n’avait pas été repris dans le contrat de mandature signé avec le PS. Nous avons cependant beaucoup travaillé collectivement dans ce sens au point que le verdissement devient une réalité dans l’administration parisienne.
Le verdissement recouvre plusieurs aspects. Il s’agit d’abord, bien sur, de chercher l’impact environnemental minimum des achats de la Ville. Aussi bien en amont (fabrication des produits, livraisons…), pendant leur utilisation à Paris (véhicules de service moins polluants…), en aval (réduction des déchets…). Il s’agit aussi utiliser la force d’achat de la collectivité pour aider localement les personnes les plus fragiles (insertion, secteur protégé…) ou, plus généralement, le commerce équitable et l’économie sociale et solidaire. C’est enfin agir sur l’offre de produits éthiques en renforçant la demande.
Naturellement, je me suis efforcé d’intégrer le maximum de clauses environnementales dans les achats et les marchés des directions sous ma responsabilité : sacs des corbeilles de rues et bacs de collecte en matière recyclée, imprimerie interne utilisant de l’encre végétale, véhicules de collecte moins polluants et moins bruyant, livraison des bacs de tri par train, clauses d’insertions dans les marchés de collecte des déchets, etc.
Grâce à la pugnacité des Verts, dans l’hémicycle comme dans les arbitrages au sein de l’exécutif, le mouvement s’est maintenant étendu à l’ensemble de la Ville. Rares sont les domaines qui échappent à une dose de verdissement.
S’agissant des clauses d’insertion par l’économique (outre les régies de quartier, qui méritent un développement particulier), plus de 100 marchés ont été directement attribués en 2005 à des entreprises d’insertion pour un montant dépassant les 8,5 millions d’euros. Plus généralement, des clauses prévoyant le recrutement direct ou indirect d’un certain nombre de personnes en difficultés sont prévues. C’est le cas de 80% des marchés de prestations de service de la direction chargée des fournitures et de la gestion courante des immeubles municipaux (30 millions d’euros de budget).
En ce qui concerne, le secteur protégé (centres d’aide par le travail des personnes handicapées…), le nombre de contrats augmente également chaque année. Parmi les derniers cas, il faut noter celui de la gestion de la fin de vie des ordinateurs de la Ville (2000 environ prévus en 2007). Ils sont confiés à un CAT, qui les évalue et les reconditionne (avec des logiciels libres) en vue de leur distribution à très bas prix à des associations ou à des agents de la Ville.
Dans le domaine environnemental, des clauses très variées ont été intégrées. Les déchets d’emballages des cantines de crèche ont été réduits de 30% et les films plastiques d’emballages ont été supprimés. Le papier recyclé est utilisé pour les cahiers distribués dans les écoles ou pour 50% des impressions de l’administration. Le bois acheté est de préférence d’origine locale ou certifié FSC. Pour l’alimentation des crèches municipales, plusieurs produits sont systématiquement issus de l’agriculture biologique : les steaks hachés, les pommes de terre (18 tonnes par mois !), les épinards, les carottes, le beurre, la crème fraîche, le camembert, l’emmental et les pommes. Chaque année de nouveaux produits sont introduits en fonction de l’offre. Les fournitures courantes de la Ville sont écolabellisées à 90%. Cela concerne les enveloppes, sacs poubelles, cartouches d’encre, mobilier de bureau, produits ménagers, électroménager, audiovisuel, textiles, chaussures, travaux d’impression, etc.
Si beaucoup de choses sont faites, nous ne sommes pas encore dans le systématique et la totale cohérence entre les directions de la Ville. Elles ont des cultures et des pratiques très différentes en la matière. C’est pourquoi j’ai insisté pour que cette question soit une des premières priorités de l’Agenda 21 de Paris lancé en septembre dernier. Un code de l’achat durable interne est ainsi en cours de réalisation. Il deviendra le référentiel pour l’ensemble de la Ville en se calant sur les expériences les plus innovantes que des services de la Ville ont pu réaliser. Avec les Verts, nous construisons ainsi une nouvelle culture administrative alliant le service immédiat aux Parisiens aux impératifs planétaires de solidarité.