Vous lirez ci-après la lettre que je viens d’envoyer aux auteurs qui avaient accepté de participer à un ouvrage devant être publié à l’occasion de l’exposition superbe et très populaire qui se tient actuellement sur le Parvis de l’Hôtel de Ville.
Je crains fort qu’une partie du PS n’ait rien compris à ce qui se passe et préfère entraîner tout le monde dans une chute suicidaire.
Les auteurs sollicités pour ce livre sont les paysagistes, sociologues, botanistes, écologues ou historiens avec lesquels la Ville a travaillé depuis 2001. Citons :Michel et Claire Corajoud, concepteurs du jardin d’Eole, Jacqueline Osty, paysagiste du futur parc des Batignolles, Françoise Dubost, historienne des jardins, Jean-Pierre Le Dantec, directeur de l’école d’architecture de Paris-La Villette, Bernadette Lizet, spécialiste de la flore « modeste » des villes, Laurence Baudelet, dont l’association « Graine de Jardins » fédère les initiatives de jardins partagés, Jean-Pierre Winter, psychanalyste, Fabrice Flipo, qui y explique l’empreinte écologique, etc…
Qu’ils et elles soient remerciés de leur travail et de l’esprit dans lequel ils et elles l’effectuent.
Madame, Monsieur,
A la demande de la Ville de Paris, vous avez accepté de rédiger un article pour un ouvrage devant être publié à l’occasion de l’exposition qui se tient en ce moment sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Je tiens tout d’abord à vous remercier de votre contribution de qualité et vous confirmer le grand intérêt que j’ai pris à la lire.
Je suis cependant au regret d’avoir à vous annoncer que sur proposition de son directeur de cabinet, le Maire de Paris a décidé de ne pas publier cet ouvrage.
Les arguments avancés sont les suivants : d’une part les articles seraient trop « intellectuels » pour toucher le grand public, d’autre part le financement serait problématique.
J’avoue mon étonnement devant de telles assertions qui témoignent d’un mépris certain à l’égard du lectorat potentiel, et souligne une conception assez étrange de ce qui doit être proposé à la réflexion du grand public. J’estime pour ma part que le rôle des élus est de permettre, autant que possible, l’expression des professionnels en faisant appel à l’intelligence plutôt qu’à la facilité. Quant à l’argument d’ordre financier, il revient à faire croire que la Ville de Paris prendrait un risque en investissant 35 000 € dans l’édition de ce livre au cas où aucun exemplaire ne trouverait preneur. Outre que cette somme avait été inscrite au budget, il va de soi qu’au regard du budget annuel de la Ville de 7 milliards d’euros, le montant peut sembler aussi dérisoire que l’argument fallacieux.
Tout me porte à croire que cette décision repose bien davantage, à l’approche des échéances électorales, sur une analyse politicienne. Tout ce qui ne semble pas assez laudateur pour le Maire de Paris n’est pas jugé opportun.
Je crains fort, avec un tel comportement, que la majorité actuelle de Paris ne s’engage sur une voie contre-productive. Croire qu’en méprisant le grand public, l’érudition et les spécialistes et en ayant comme unique projet la promotion d’une personnalité au détriment du contenu des politiques menées, l’électorat sera au rendez-vous, constitue une erreur déjà commise par la Gauche dont je pensais qu’elle avait tiré les leçons.
Croyez bien que je suis doublement désolé, d’avoir à vous faire part de cette décision et de vous importuner avec de telles informations. Je n’entends pas accréditer l’idée selon laquelle votre travail n’aurait pas répondu à l’attente de la Mairie de Paris comme le laisse entendre l’entourage du Maire. Je souhaite vivement qu’une autre occasion se présente pour que nous puissions valoriser ces réflexions. Je recherche une autre solution, sans la Mairie de Paris, pour que cet ouvrage puisse paraître.
En vous remerciant chaleureusement à nouveau pour votre contribution dont je reste persuadé qu’elle aurait eu l’écho qu’elle mérite, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en mes sentiments les meilleurs.
Yves Contassot Adjoint au Maire, chargé notamment des espaces verts.