La campagne présidentielle a permis de placer les enjeux environnementaux et notamment celui de la biodiversité, au coeur du débat public. Longtemps confidentielle et partagée par un nombre restreint de scientifiques et d’écologistes, cette question est désormais reconnue par tous comme cruciale.
A l’heure où la communauté scientifique craint un sixième épisode d’extinction majeure d’espèces (le premier qui serait du à l’Homme), j’ai souhaité que Paris soit exemplaire en ce domaine.
La question de la biodiversité en ville apparaît à certain comme sans objet. Qu’est-ce qui semble plus déconnectée de la nature qu’une cité dense et minérale ? En réalité, les Verts le savent, il n’en est rien ! Le mode de vie citadin que nous partageons occasionne des dégâts considérables sur la biodiversité, l’empreinte écologique d’une métropole est colossale et ce mode de vie tend à devenir le standard mondial. D’autre part, la présence du végétal en ville a des effets bénéfiques pour la santé et le bien être (rafraîchissement en cas de forte température, piégeages de certaines pollutions,…). La protection de la biodiversité est donc aussi une question urbaine.
Je ne vais pas revenir en détails sur la signature de la charte régionale de la biodiversité et des milieux naturels, des chartes des Bois, de la charte d’Aalborg. Je vous rappelle juste que nous nous sommes battus pour l’adoption, au coté du PLU, du Cahier des Recommandations Environnementales, qui a introduit les enjeux de la biodiversité dans les documents d’urbanisme de la Ville.
Avec l’aide du Muséum et d’organismes scientifiques, la Ville a fait l’état de son patrimoine que vous trouverez présenté dans « l’Atlas de la Nature à Paris ». A travers un réseau de surveillance et d’études, elle réalise des inventaires de la faune et de la flore et apporte son aide à la définition d’actions de protection.
Ainsi c’est une véritable politique d’accroissement de la biodiversité qui est en place. La création de 32 hectares d’espaces verts, la plantation de plus de 12000 arbres, la végétalisation des murs et des toitures, les balcons fleuris, la mise en place d’un réseau de mares dans les parcs et jardins, la création d’une réserve ornithologique dans le bois de Vincennes et dans le futur jardin d’Eole, les jardins partagés… voici quelques exemples non exhaustifs (retrouvez les sur jardins.paris.fr).
Mon souci n’est pas que quantitatif mais aussi qualitatif au travers de la gestion écologique (je vous rappelle que plusieurs jardins ont été labellisés et que le travail se poursuit), l‘abandon des phytosanitaires dans les espaces verts et le choix de plantes adaptées permettent le retour des animaux, en premier lieu des insectes et donc des oiseaux. Les inventaires et les études que nous menons le prouvent : Paris est d’une grande richesse en termes d’espèces animales et végétales. Les résultats des travaux menés par le Centre Ornithologique d’Ile-de-France (www.corif.net), qui réalise avec notre soutien l’atlas des oiseaux nicheurs à Paris, confirment une amélioration de la situation.
La nature ayant horreur des interruptions, la politique que je mène vise à établir ce que l’on appelle des continuités biologiques, des corridors écologiques dont les plantes et les animaux ont besoin pour leur survie.
Qu’une ville comme Paris agisse autant sur le sujet peut paraître paradoxal. Et c’est particulièrement difficile dans un contexte si dense et minéral, où la question économique est si prégnante. Mais avec une volonté politique affirmée, il est possible d’agir. C’est même notre devoir. Pour éviter que l’homme « ne fasse à nouveau disparaître les dinosaures ».