Pour répondre à l’appel des mal-logés qui demandent aux bien-logés de venir les soutenir, et comme beaucoup d’autres, je me suis rendu hier soir (le 27 décembre) le long du canal Saint-Martin, où sont installées des centaines de tentes.
Celle solidarité est importante et il est fondamental qu’elle ne faiblisse pas tant les enjeux sont élevés. Je vous livre quelques réflexions après cette soirée passée avec les « campeurs » du quai de Valmy et du quai de Jemmapes.
L’annonce par Catherine Vautrin de quelques mesures en faveur de l’hébergement d’urgence suscite des réactions de colère : « Elle se fout de notre gueule », « c’est de la poudre aux yeux », « cela ne règlera rien », « ça existe déjà en partie », « tout ça n’est pas daté, chiffré, localisé… ».
Bref pas la moindre considération pour ces pseudo-propositions, même si chacun constate que c’est la marque d’un début d’une prise de conscience et que ça prouve que des solutions sont possibles.
Michel Henry, toujours aussi présent, gentil, amaigri (il perd un kilo par jour à lutter contre le froid) n’a pas perdu son humour ni sa combativité.
Encore beaucoup de VertEs présentEs : Mylène, Rémy, Sylvain, Claire, Bertrand, etc. Les responsables d’association ne comprennent toujours pas pourquoi les autres responsables politiques les boudent et ne viennent pas témoigner leur solidarité.
Jacques Deroo, président de l’association «Salauds de pauvres » me raconte longuement comment il se bat pour que les SDF s’inscrivent sur les listes électorales. Pour lui c’est une question fondamentale : faire admettre son droit de citoyen ! Il déchante néanmoins après avoir fait un sondage sur les intentions de vote : selon lui près de 80% voteront Le Pen s’ils vont voter car ils sont écoeurés et ne croient plus dans les « politiques » traditionnels ! Jacques poursuit cependant son combat pour la citoyenneté en espérant une prise de conscience.
Autour d’un verre, réunion avec Augustin, son frère Jean-Baptiste et Martin, plus les « experts » associatifs. Analyse du discours de Catherine Vautrin. Rien de très positif sur le contenu même si cela augure d’un début de solutions. Augustin reste plus que jamais déterminé. Les experts sont dubitatifs sur les mesures car elles ne montrent aucun changement de politique et sont des tours de passe-passe pour certaines.
On recense les besoins : des bouées près du canal, un extincteur, quelques balais, des ralentisseurs, car les voitures roulent toujours trop vite, des toilettes supplémentaires et le rêve d’une douche….
Le responsable des services de la propreté arrive. On voit comment faire en sorte que le quartier soit impeccable malgré les nombreux congés de fin d’année. Des équipes spéciales viendront prêter renfort aux ateliers de l’arrondissement car il est vital que le quartier soit propre pour éviter toute polémique.
Nous repartons avec Mylène chargés de quelques dossiers supplémentaires : une jeune fille de 18 ans qui vient d’être mise à la porte de chez ses parents et qui veut absolument rester avec son chien, un papa qui risque l’expulsion de son hôtel social car il ne serait pas aux normes de sécurité incendie…
Une envie de fête le 31 décembre de la part de SDF et autres. Une troupe se propose… Pour cela il faudrait fermer les quais à la circulation le soir du 31, comme pendant l’opération Paris respire.
Retour au bureau ce matin et démarches tous azimuts pour donner suite à ces diverses demandes. Le Maire est d’accord pour les bouées malgré la réticence de son adjointe à l’eau… Le cabinet de Denis voit ce qu’il peut faire sur les questions de circulation…
Mylène a déjà trouvé les toilettes supplémentaires… Comment notre pays peut-il tolérer de telles situations ? Pourquoi la Gauche et l’extrême gauche sont-elles si silencieuses ?
La fierté de voir les Verts se mobiliser fortement. Vivement qu’une nouvelle année démarre avec des espoirs de changements réels et que 2006 et ses cortèges de malheurs se fasse oublier rapidement.