En pleine journée de grève des enseignants à propos de la réforme des rythmes éducatifs le Conseil de Paris a évoqué le sujet.
Voici l’intervention que j’ai prononcée au nom des éluEs du groupe Europe Ecologie les Verts.
Monsieur le maire,
Depuis que le ministre de l’éducation a proposé de revenir sur la funeste décision de son prédécesseur M. Darcos consistant à concentrer sur 4 jours l’enseignement dans les écoles maternelles et élémentaires, le débat fait rage.
Chaque jour, et particulièrement aujourd’hui, des voix se font entendre à ce propos.
Certains ne veulent pas entendre parler de revenir à 4,5 jours et demandent l’abrogation pure et simple du décret
D’autres qui n’avaient pas hésiter à soutenir le passage à 4 jours et à démanteler progressivement tous les services publics y compris celui de l’éducation, surfent sur les légitimes inquiétudes et interrogations de la communauté éducative, jugeant que gagner quelques voix aux élections municipales est plus important que d’assurer l’éducation des enfants dans un contexte plus favorable.
D’autres enfin s’interrogent en toute bonne foi sur les conditions dans lesquelles une telle réforme pourrait être mise en place.
Car, faut-il le rappeler, l’école pourrait jouer un rôle de réduction des inégalités de départ avec d’autres moyens, d’autres pédagogies, d’autres objectifs que de sélectionner les meilleurs à des fins de reproduction de la société comme l’ont si bien démontré de nombreux auteurs.
Il est dommage à cet égard que ne soit pas présenté un grand projet de refondation réelle du système scolaire pris dans son ensemble, de la maternelle au supérieur, permettant de créer une dynamique positive dans laquelle la question des rythmes ne serait qu’un élément parmi d’autres.
Car il faut se souvenir d’excellentes idées et propositions qui ont donné lieux à une très forte déception tant la préparation et les négociations préalables avaient été sous estimées, je pense notamment aux 35h dans les hôpitaux.
De même il est tout à fait regrettable que les lobbies fassent entendre leur voix pour éviter une autre organisation de l’année scolaire qui réduirait la durée hebdomadaire d’enseignement.
Face à un risque de blocage qui tient autant au fond qu’à la forme, notre groupe a déposé un vœu demandant la création d’un groupe de travail composé d’éluEs du Conseil de Paris afin d’auditionner l’ensemble des parties prenantes de la communauté éducative parisienne.
Car pour nous il faut encore débattre et négocier avant de prendre une décision pour savoir si les conditions d’une mise en œuvre est possible ou non à la rentrée scolaire de cette année.
Nous proposons que ce groupe soit chargé de clarifier toutes les questions soulevées par cette réforme avant le Conseil de Paris de mars.
Une réforme des rythmes éducatifs est pour nous nécessaire pour préserver l’attention et la santé de nos enfants, mais elle doit être mise en œuvre avec une concertation et des moyens à la hauteur de l’enjeu.
La réduction concrète des journées d’enseignement demande un investissement municipal considérable : la réforme doit profiter aux enfants mais également à l’ensemble des acteurs éducatifs.
Le groupe de travail, en concertation avec l’ensemble de la communauté éducative, pourrait notamment étudier les pistes suivantes :
Pour les enfants :
- • Une réflexion sur la meilleure articulation entre temps d’apprentissage et temps de détente. Nous ne voulons pas qu’il y ait une décision d’allongement de la pause méridienne ou de report systématique en fin d’après-midi sans avoir étudié d’autres modalités.
- • Une organisation du temps de déjeuner permettant de ne pas être contraint d’avaler le repas en vitesse faute de places ou de personnels suffisant.
- • Une garantie de la qualité des activités périscolaires, tant en matière de choix diversifiés que de compétences des animateurs.
- • Une organisation du temps périscolaire qui évitent tout ce qui pourrait s’apparenter à une simple garderie.
Pour l’ensemble des personnels responsables du périscolaire :
- • Une amélioration du taux d’encadrement,
- • Une modification substantielle des conditions de travail tant en ce qui concerne le statut que les déroulements de carrière tant pour les personnels en place que pour les futurs animateurs ou personnels des cantines.
- • Une professionnalisation renforcée.
Pour les parents :
- • La gratuité de l’offre périscolaire supplémentaire doit être assurée aux parents et inclure les goûters récréatifs
- • La garantie qu’il y aura cantine le mercredi midi.
Pour les enseignants :
- • Le rôle des Professeurs de la Ville de Paris (PVP) doit être accru : un quatrième enseignement, celui des langues, pourrait leur être proposé sur le temps scolaire
- • La réforme donnera des heures d’enseignement de meilleure qualité aux professeurs, avec des enfants plus attentifs ; elle doit aussi améliorer leurs conditions de travail
- • Ainsi il n’est pas envisageable que la réforme se traduise par un allongement du temps de présence hebdomadaire à l’école des enseignants.Nous souhaitons également que le groupe de travail puisse examiner la possibilité, à l’intérieur d’un cadre, d’ajustements non totalement identique pour toutes les écoles.
De même il nous semble que la notion d’expérimentation doit être retenue ce qui implique une clause de revoyure annuelle. Pour cela des indicateurs d’évaluation devront être proposés avant la mise en place de la réforme, permettant son amélioration continue dans les années à venir.
Enfin il est indispensable que soient parfaitement identifiés les moyens à mettre en œuvre et les modalités concrètes. L’incidence financière devra se traduire par une décision modificative dès le conseil de mars de façon à donner toute sa crédibilité aux propositions si l’échéance retenue était septembre 2013.
Pour les écologistes, la décision sur l’année de mise en place de la réforme à Paris (2013 ou 2014) est indissociable de la qualité de la concertation préalable, comme du volume des moyens affectés.
Le temps n’est donc pas encore venu de choisir entre 2013 et 2014.
Le temps est à la construction collective d’une réforme à la hauteur de l’enjeu : l’attention portée à nos enfants, c’est l’attention portée à l’avenir de Paris.