Dimanche matin sur un marché du 5ème arrondissement de Paris. Je fais mes courses lorsqu’une personne m’accoste assez timidement en s’excusant de m’importuner un dimanche matin en famille.
Il me dit être fonctionnaire de police et souhaite savoir si les Verts considèrent que la police est raciste. Il précise que de tels propos lui font très mal d’autant que son grand-père était juif.
Je lui précise donc que nous faisons la différence entre les personnes qui travaillent dans la police et les missions qui sont confiées à ce corps. Que bien évidemment sur l’ensemble des fonctionnaires de police il y a forcément des racistes, car la police ne peut être radicalement différente de l’ensemble des Français. J’insiste également sur le fait que dans la police la règle devrait être d’appliquer avec une fermeté absolue les principes contenus dans le code de déontologie et que les dérapages rejaillissent automatiquement sur l’ensemble des policiers.
Je donne quelques exemples tels que les contrôles à répétition des mêmes jeunes par les mêmes policiers plusieurs fois par jour ou les interpellations au faciès sans justification autre que de faire du chiffre.
Nous échangeons assez longuement et progressivement ce policier, de 35 ans environ, se livre.
Il m’explique avoir travaillé dans le 93 et être affecté maintenant dans le 92. Il parle de ses conditions de travail, de l’angoisse qui le taraude lorsqu’il doit effectuer certaines missions au point de ne pas respecter le règlement et de déposer son arme avant de partir pour être certain de ne pas s’en servir dans un affolement éventuel. Il dénonce le fait que dans certains quartiers, le manque de moyen se traduit par une seule voiture en état de circuler la nuit, faute d’effectifs. Il trouve scandaleux la justice à deux vitesses qu’il constate en voyant des auteurs d’incivilités ou délits mineurs renvoyés devant le tribunal et des requalifications à la baisse pour des actes nettement plus graves.
Il ne comprend pas pourquoi on ne parle pas plus de la situation explosive dans de nombreux endroits et pourquoi rien n’est fait pour enrayer cette spirale. Il sait qu’il risque sa vie en faisant son travail, simplement parce que le Gouvernement instrumentalise la police à des fins politiciennes.
Son désarroi est visible sur son visage. Son regard est presque celui d’un enfant apeuré qui ose enfin dire sa vérité. Il regarde nerveusement autour de lui comme s’il craignait qu’on le surprenne à me parler.
Finalement il conclut que jamais un ministre de l’intérieur n’a été detésté à ce point par les policiers.
Manifestement ce policier est représentatif de nombreux autres. Il m’a dit que toute sa promotion s’est retrouvée récemment autour d’un pot et qu’il y avait consensus sur le constat.
Il est décidément temps de virer ces ministres et ce président qui sont les principaux responsables de cette situation et qui attise les tensions à des fins électorales.
Il faut aussi que le dialogue puisse se restaurer entre policiers civiques et républicains et les responsables politiques pour redonner à la police un statut qu’elle n’aurait jamais du perdre, basé sur le respect parce que respectant elle-même les citoyens.
Beau challenge en perspective.