Le Maire de Paris ayant décidé de reconstruire à grands frais le stade Jean Bouin, il était nécessaire d’évincer le titulaire de la concession actuelle et de lancer un appel à candidature pour la partie non détruite, composée de nombreux terrains de tennis.
Pour éviter une nouvelle polémique sur les conditions d’attribution de l’actuelle concession (qui fait l’objet de procédures judiciaires), le Maire de Paris, a décidé de constituer une commission composée de ConseillerEs de Paris, à la proportionnelle des groupes politiques du Conseil de Paris.
Dans un communiqué de presse (non encore publié à ce jour sur le site de la Mairie de Paris mais que je reproduis ci-dessous), le Maire de Paris prétend rendre compte des travaux de cette commission qui s’est réunie les 13 et 20 novembre.
Ce communiqué est un petit chef d’oeuvre de désinformation.
Ainsi les élus de droite n’auraient pas assumé leurs responsabilités en refusant de se prononcer sur les deux candidatures. Pourtant deux éluEs de la majorité (socialiste et radical de gauche) ont fait de même. De plus lors des interruptions de séance, à l’exception notable du président de la commission, l’adjoint aux sports, membre du Parti communiste, touTEs les autres éluEs de la majorité insistaient sur la nécessité de reporter la décision compte tenu du contexte, considérant qu’on pouvait avoir juridiquement raison mais politiquement tort.
Las les pressions du cabinet du Maire de Paris ont eu raison des réticences des éluEs socialistes qui ont accepté de poursuivre la réunion.
Cependant malgré les appels à la solidarité municipale, il n’y a pas eu de majorité pour choisir le projet présenté par Lagardère.
En dehors du président communiste de la commission, tout le monde s’est accordé sur le fait que ce projet était inacceptable tant il méprise la Ville de Paris, s’inscrit dans un schéma de « Sports business » ignorant l’intérêt des élèves des collèges et lycées du quartier, est provocateur au plan financier et environnemental.
Finalement deux élus socialistes ont accepté de soutenir du bout des lèvres le dossier Lagardère défendu bec et ongles par le Président de la commission.
Deux éluES, une socialiste et un radical de gauche, ont refusé de se prononcer dans ce contexte.
Pour ma part j’ai proposé que l’on déclare infructeux l’appel à candidature et que l’on relance le processus.
Devant un tel fiasco, le Président a suggéré de prendre en compte les pouvoirs qui avaient été donnés par les éluEs absentEs. Cela a soulevé un tollé unanime des autres membres de la commission.
Manifestement le cabinet du Maire n’a pas accepté le résultat calamiteux des votes et a préféré faire croire qu’il y avait eu une majorité nette en faveur de Lagardère.
Cela interpelle fortement sur le soutien inconditionnel apporté par le Parti communiste sur ce projet. Pourquoi ce parti se convertit-il au « sport business » en soutenant qui plus est un magnat de la presse de droite et au surcroît marchand d’armes ? Est-ce le point de vue personnel de l’adjoint aux sports ou une évolution collective du PC ?
J’attends évidemment de voir ce que feront les éluEs communistes lorsque le dossier viendra en séance du Conseil de Paris.
Pour en cotoyer plusieurs, je n’imagine pas qu’ils et elles puissent se ranger derrière Lagardère.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE de la Mairie de Paris
»La deuxième réunion de la Commission spéciale chargée d’examiner les offres pour la concession du centre sportif Jean Bouin s’est tenue cet après-midi. Jouant délibérément de la confusion, les membres de l’UMP ont pris prétexte de la procédure judiciaire ouverte sur une autre concession datant de 2004, pour se dispenser d’assumer leurs responsabilités, en tant que membres de la Commission. En effet, refusant de se prononcer sur les offres reçues après mise en concurrence, ils ont préféré quitter cette instance en cours de séance, alors même qu’ils avaient assisté il y a 4 jours à la présentation des candidats. Parmi les membres restants, aucun ne s’est prononcé pour le projet de Paris Tennis, deux n’ont pas indiqué d’avis et un a rejeté les deux offres. Enfin, sept voix se sont portées sur le projet de la société Lagardère, néanmoins assorties de questions notamment sur le montant de la redevance. Le maire de Paris prend acte de l’avis de la Commission qui n’exprime pas une position suffisamment nette pour permettre au Conseil de Paris d’attribuer en l’état la concession. Par conséquent, il a demandé aux Services municipaux de poursuivre les négociations avec les deux candidats, afin que l’Assemblée municipale puisse se prononcer sur des bases précises et incontestables. »