Crises : l'arbre financier qui cache la forêt.

Depuis des semaines tout le monde glose sur l’état de déliquescence avancée du système bancaire à travers le monde. Les gouvernements s’agitent pour sauver les riches en injectant des sommes considérables que les contribuables finiront par payer d’une façon ou d’une autre.

Les regards sont rivés sur les bourses, lieu privilégié des spéculateurs de tous poils.

Malgré ces soutiens démesurés aux banques, rien ne garantit que cela va s’arranger.

Si le secteur bancaire est en crise, c’est bien parce que tout le système économique et financier repose sur le principe de la spéculation. Les produits alimentaires sont l’objet de paris fous sur leurs cours en fonction des aléas climatiques ou des demandes envisagées, sans compter ceux qui ne sont là que pour faire varier les cours en fonction de leurs intérêts propres.

Les matières premières sont utilisées comme arme politique et économique mais servent aussi à faire gagner des sommes colossales aux acteurs des marchés à terme.

Quant au monde de la finance il est peuplé de mathématiciens spécialisés dans la théorie des jeux et des probabilités mais qui n’ont aucune idée de ce qu’est une entreprise, de la réalité de l’économie réelle, du monde dans lequel nous vivons. Leur seul credo est toujours plus de revenus pour eux et leur employeur, quitte à jouer à la marge avec les règles.

Pendant ce temps les dégâts liés aux dérèglements climatiques font leurs ravages et leur impact sur l’économie réelle est de plus en plus important. Ne pas se rendre compte que l’on va dans le mur coûte de plus en plus cher.

Cet aveuglement fait dire à de nombreux commentateurs et hommes (ou femmes politiques, n’est-ce pas Mme Lagarde ?) que les décisions prises à propos du secteur financier pourraient suffire à rétablir la confiance. C’est d’ailleurs le message de M. Trichet qui, fidèle à lui-même continue de penser qu’il n’y a qu’un seul indicateur au monde : le taux d’inflation.

Il suffit pourtant de se promener dans la rue, d’écouter les consommateurs et les commerçants pour se rendre compte que la crise n’est pas que financière. C’est une crise sociale d’une rare ampleur qui se traduit par une paupérisation frontale et une remontée violente du chômage. Face à cela aucune personne dotée d’un minimum de bon sens ne peut croire que les 320 milliards d’euros gracieusement disponibles pour les spéculateurs, vont régler la question. Chacun sent confusément qu’il paiera l’addition d’une façon ou d’une autre et que pendant que les cadeaux continuent de pleuvoir sur les plus riches, les autres poursuivent leur lente descente sociale. L’arrêt brutal de la consommation se traduit donc aussi brutalement sur le plan des entreprises qui voient leurs marchés se réduire comme peau de chagrin.

La crise financière masque en réalité une crise sociale et donc économique sans précédent. Elle ne fait que l’accélérer pour certains qui avaient cru que leurs maigres économies allaient profiter du boom artificiel de la bourse et des marchés financiers.

Nous écolos, pourrions nous réjouir de voir remise en cause la société de consommation. Mais en réalité il s’agit d’une décroissance subie et non choisie, qui porte non seulement sur des biens de consommation futiles (de cela je suis plutôt content) mais plus encore sur des produits ou services de première nécessité comme la nourriture, le logement, la santé, la culture.

Les propositions avancées par la social-démocratie font peine à voir. Toute engluée dans son congrès elle ne sait que dire, si ce n’est qu’elle aurait fait autrement. Pour autant elle n’a toujours pas compris qu’il s’agissait d’une crise profonde du système capitaliste lui-même et que sa stratégie d’accompagnement n’aurait rien changé à la situation.

Tant que les responsables politiques ne voudront pas admettre qu’il faut changer radicalement leur mode de pensée et d’analyse, il n’y aura pas de sortie par le haut de la crise. Certes le système capitaliste peut se rétablir et les profits repartir à la hausse de plus belle. Mais ce sera au détriment du plus grand nombre, dans une société encore plus inégalitaire et injuste.

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