Interview à Radio Classique le 6 février 2007
GILLES MOREAU Direction ce matin Paris où le dossier des tours alimente le débat. Les élus verts de la capitale ont quitté le groupe de travail, ils réclament maintenant un référendum sur la possibilité de construire de nouvelles tours. On écoute l’un de ses élus, Yves CONTASSOT, adjoint vert au maire de Paris, interrogé par Julien ARNAUD.
YVES CONTASSOT Il n’est pas nouveau que les verts sont très réservés, c’est le moins qu’on puisse dire, sur les constructions de grande hauteur à Paris ou ailleurs parce que ce sont des constructions qui jusqu’à preuve du contraire sont extrêmement consommatrices sur le plan énergétique et n’apportent pas, loin de là, une amélioration au cadre de vie de celles et ceux qui y travaillent ou qui y résident. Et donc nous avons dit depuis le départ que ça ne nous semblait pas être la bonne solution. Plutôt de construire des nouvelles tours de bureaux puisque c’est ce qu’on nous propose, nous estimons qu’il vaudrait mieux travailler sur un rééquilibrage entre les bureaux et les logements au sein de Paris. Il y a beaucoup de bureaux, peut-être même un peu trop de bureaux et en tous les cas beaucoup de bureaux prévus en plus de ceux qui existent et pas assez de logements, donc la priorité nous semble celle-là.
JULIEN ARNAUD Alors si vous vous opposez à ces tours c’est à la fois pour des règles d’urbanismes mais aussi pour des considérations environnementales ?
YVES CONTASSOT C’est d’abord et avant tout pour des considérations environnementales et deuxièmement parce que jusqu’à preuve du contraire personne n’a pu prouver que des tours amélioraient le cadre de vie. Donc il faut absolument qu’on reste dans un environnement, je dirais, de qualité et qu’on n’entasse pas des gens les uns par-dessus les autres avec toutes les difficultés que ça génère.
JULIEN ARNAUD Alors vous demandez aussi à ce que les Parisiens soient consultés, savoir s’ils sont pour ou contre ces tours. C’est votre forme de démocratie participative à vous ?
YVES CONTASSOT Lors de l’enquête sur le Plan Local d’Urbanisme, la question a été posée aux Parisiennes et aux Parisiens. Il y a plus de 100-000 personnes qui ont répondu et qui ont dit à une immense majorité qu’elles ne voulaient pas de tours à Paris. Alors on a un peu de mai à comprendre pourquoi d’un seul coup on nous dirait mais ça n’a pas valeur de décision- Certes qu’on a entendu le message mais néanmoins qu’on n’en tiendra pas compte. Donc organisons un référendum, c’est relativement simple : « voulez-vous oui ou non que l’on puisse construire des immeubles de grande hauteur qui dépassent très largement les 37 mètres » puisqu’on nous fait des propositions à 200 mètres voire plus, et puis on verra bien si les Parisiennes et les Parisiens acceptent ou refusent ce type de propositions. J’ai quand même la conviction qu’il n’y a pas une grande majorité pour.
JULIEN ARNAUD Alors où en est le dossier puisque vous, vous avez claqué la porte. Le groupe UMP, lundi, a aussi décidé de quitter le groupe de travail. Que vont faire les socialistes ? Ils vont se retrouver seuls ?
YVES CONTASSOT Nen, non, parce que, vous savez, il n’y a pas que les socialistes, les communistes sont beaucoup plus attachés que les socialistes à la création de tours, sans doute vestige d’une autre époque. Non, je crois qu’il était prévu, je ne sais pas ce que ça donnera, de faire travailler des équipes d’architectes et des bureaux d’études sur plusieurs sites pour voir ce que ça donnerait en terme d’implantation, en terme d’aménagement urbain, les conséquences environnementales. Je ne sais pas si ce groupe de travail se poursuivra dans cette configuration extrêmement restreinte et très minoritaire du point de vue du nombre d’élus à Paris. J’ai la conviction que c’est un projet qui ne reverra le jour que bien après 2008.
Bonjour,
Je m’étonne de voir un élu vert aussi ignorant sur les propriétés énergétiques des immeubles de grande hauteur.
Ces immeubles consomment effectivement plus d’énergie à construire et du fait des ascenceurs, mais il ne faut pas oublier que leur chauffage est nettemement moins cher (moins de toit et des installations plus performantes) et qu’il n’est pas obligé de les climatiser à outrance – cela vient plus du locataire que de l’architecte. Enfin la facture énergétique venant en grande partie des transports, ils limitent l’étalement urbain et réduisent la quantité de route à construire, incitant à l’usage des transports en commun qui deviennent plus rentables dans les zones denses. Cette densité rend la ville infiniment plus écologique.
Les IGH sont donc bien plus écologiques, jusqu’à preuve du contraire… je m’étonne d’un discours qui va à l’encontre de vos objectifs écologiques…
Enfin, je souhaiterais dire que la création d’immeubles de bureaux libère à terme de la surface pour en reconvertir d’autres… en logements. Dans une époque où l’on manque de surface bâtie on ne peut se permettre d’économiser ce genre de réflexion.
Je ne sais qui est ignorant au plan énergétique. Je constate que tous les bureaux d’études sont unanimes pour conclure qu’une tour est plus énergivore qu’un immeuble conventionnel car il y faut plus de moyens techniques, et qu’en plus les systèmes de ventilation sont plus complexes. La taille du toit n’a strictement rien à voir là-dedans car il suffit de végétaliser le toit et/ou d’y installer des panneaux solaires pour compenser les déperditions énergétiques pour un bâtiment conventionnel. Au contraire sur une tour, il n’est pas possible de procéder ainsi. Quant à la facture énergétique qui viendrait des transports, c’est une autre affaire. La densité de bâti est rigoureusement la même sur une parcelle, que les formes architecturales soient élevées ou non. De plus il faut toujours mesurer les éléments intrinséquement et aussi collectivement. A cet égard les tours déjà construites n’ont jamais atteint des niveaux de performance équivalents aux autres bâtiments. Quant à utiliser les espaces libérés par d’éventuelles tours pour construire des logements c’est ignorer que c’est impossible en matière de réglementation urbaine.