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Travailler le dimanche ? Vérités et mensonges !

Emmanuel Macron va défendre une loi prévoyant un élargissement considérable des possibilités d’ouverture des commerces le dimanche.

17 mai 1869

Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet mais beaucoup d’erreurs et d’approximations ont été volontairement utilisées pour justifier cette proposition.

Voici quelques affirmations et réponses sur ce dossier.

Affirmation : Le projet de loi vise avant tout à créer des emplois et relancer la croissance.

Réponse : c’est faux !

L’intention est louable (qui ne veut pas créer plus d’emplois ?) mais les chiffres sont têtus.

La consommation des ménages est en baisse depuis 2008 à cause de la crise financière et sociale. L’épargne des ménages diminue aussi, preuve que ces derniers puisent déjà dans leurs réserves pour faire face aux dépenses de la vie courante. La plupart des études soulignent que l’ouverture supplémentaire du dimanche ne ferait que déplacer la plupart des achats sans en augmenter le volume.

En termes d’emploi, aucune étude n’a été menée sur ce sujet. Le seul document existant a été produit par la CCIP de Paris et, au détour d’une phrase, il est asséné que l’ouverture du dimanche créerait indiscutablement des dizaines de milliers d’emplois. Cette affirmation n’est étayée par aucune donnée de base, aucune évolution quantitative ou qualitative, aucune localisation par secteur d’activité ou géographique.

Quant aux deux grands magasins du Boulevard Haussmann, très en pointe dans cette revendication, ils avancent des chiffres qui font sourire.

En effet selon les interlocuteurs et les moments le nombre de création d’emplois varie de 500 à 2000.

Quand on compare avec la situation actuelle on ne peut que se dire que ces chiffres sont plus qu’approximatifs :

Le Printemps Haussmann a un effectif de 3 100 personnes dont 650 emplois directs et 2 450 emplois indirects (2 100 démonstrateurs et 350 prestataires externes). Le Printemps Haussmann emploierait environ 76 % de femmes, dont 50 % de femmes seules avec des enfants résidant en banlieue.

Les Galeries Lafayette Haussmann emploient près de 1 000 salariés, dont presque la moitié affectés à la vente. 2 850 salariés extérieurs des marques sont également présents sur la surface de vente, ce qui porte à 3 850 le nombre de salariés présents sur le site. Le personnel de la société est composé à 70 % de femmes.

Quant aux petits commerces ils sont très réservés estimant que l’ouverture des grands magasins et centres commerciaux se traduirait par de nombreuses faillites pour eux.

 

Affirmation : les centres commerciaux sont demandeurs

Réponse : c’est faux !

La mission d’information a auditionné directement ou indirectement tous les responsables de centres commerciaux. La plupart ne sont pas demandeurs estimant que l’accroissement du chiffre d’affaires le dimanche ne couvrirait pas les charges supplémentaires. En revanche ils affirment qu’ils seraient quasiment obligés d’ouvrir si certains (Bd Haussmann) étaient ouverts.

 

Affirmation : Les salariés travaillant le dimanche sont mieux payés et il y a donc une forte demande

Réponse : c’est vrai et faux !

A Paris le classement en zones touristiques de la plupart des commerces ouverts le dimanche se traduit par le droit d’imposer le travail du dimanche aux salariés sans aucune compensation financière ou récupération en temps supplémentaire. De plus de très nombreux secteurs d’activité bénéficient d’une dérogation permanente leur permettant d’ouvrir tous les dimanches. Cela ne donne aucun droit à leurs salariés.

Dans certaines entreprises des accords ont cependant été signés donnant droit à une indemnité pour travail du dimanche. Le montant de cette indemnité est très variable et presque toujours très éloigné de ce qui est annoncé à savoir le doublement du salaire.

Seul le classement en PUCE (périmètre d’usage de consommation exceptionnel) impose le doublement du salaire et la compensation en temps supplémentaire. Cette catégorie n’existe pas à Paris.

On estime que plus de 80% des salariés du commerce n’ont aucune compensation lorsqu’ils travaillent le dimanche.

 

Affirmation : les touristes viennent à Paris pour le shopping et partent à Londres le dimanche

Réponse : c’est faux !

La durée moyenne de séjour à Paris pour les touristes varie de 4 à 6 jours selon leur origine. Ils ont donc toute liberté de pouvoir passer quelques heures dans les magasins s’ils le souhaitent.

Les différentes études menées auprès des touristes montrent que s’ils intègrent dans leur séjour le shopping ce n’est pas pour autant une des raisons de leur voyage à Paris.

Quant à aller à Londres, il faut souligner que la Grande Bretagne n’étant pas dans l’espace Schengen, de nombreux tours opérateurs n’intègrent pas cette destination dans leurs programmes

Lire ici l’interview de responsables de tours opérateurs.

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20141208.OBS7270/les-touristes-chinois-font-ils-vraiment-leur-shopping-a-londres-le-dimanche.html

 

Affirmation : le nombre de touristes dépassera bientôt les 100 millions !

Réponse : c’est faux !

Cette affirmation des patrons de grands magasins repose en partie sur une prévision qui prétend que le nombre de touristes augmentera de 3,3% chaque année en France et notamment à Paris.

Or pour que cela soit possible il faudrait presque doubler la capacité hôtelière de la capitale ce qui n’est évidemment pas à l’ordre du jour.

 

Affirmation : les touristes dépensent deux fois moins à Paris qu’à Londres

Réponse : c’est vrai !

La différence tient essentiellement au coût de l’hôtellerie qui est particulièrement élevé à Londres et pas au volume des achats réalisés.

 

Affirmation : l’ouverture du dimanche est portée de longue date par le PS. Il tient donc ses engagements.

Réponse : c’est faux !

Dans un courrier adressé à la CFDT le candidat François Hollande était très clair : pour lui le repos dominical ne pouvait et ne devait pas être remis en cause : Lettre_CFDT_President_de_la_Republiq

 

 

« Au bord du monde » : un film à voir absolument

Claus Drexel a réalisé ce film sur les sans abri avec une délicatesse, une sensibilité, une humanité qu’on aimerait voir partagées par le plus grand nombre.

Accompagné par Sylvain Leser, qui photographie la rue et ses occupants sans toit depuis des années, Claus Drexel révèle toute la douleur de ces êtres et en même temps arrive à leur donner la parole d’une façon exceptionnelle. Le choix des plans fixes, longs mais jamais ennuyeux, la beauté de Paris la nuit, les cadrages parfaits, tout concourt à une harmonie qui rend la situation sociale et psychologique plus insupportable encore. Sans oublier la superbe musique de Puccini au final. Turandot vaincu par l’amour, quelle belle allégorie pour les sans abri : que la misère soit vaincue comme Turandot !

Faire croire qu’il s’agit d’une simple question de logement comme l’ont déclaré les deux principales candidates à la Mairie de Paris, prouve qu’elles ignorent totalement la réalité de la rue.

Ayant eu l’occasion de m’occuper de deux de ces sans abri, je sais à quel point le logement est souvent un aboutissement et rarement un point de départ. L’accompagnement dans le retour à la vie sociale est une priorité.
Cela est vrai dans la vie, cela est vrai dans la mort, et je suis fier, encore aujourd’hui, d’avoir permis que les « morts de la rue » aient droit à une sépulture digne dans les cimetières parisiens.

Allez voir ce film, parlez-en autour de vous, organisez des projections.
En attendant régalez vous de la bande annonce