La Maire de Paris a la responsabilité de fixer le nombre de dimanches autorisés pour l’ouverture des commerces à Paris. Ce nombre est fixé à 5 minimum et à 12 maximum.
A la surprise générale vu les déclarations précédentes, il a été proposé que ce soit le maximum qui soit retenu.
Voici la déclaration que j’ai faite au nom des écologistes lors de la séance du Conseil de Paris qui a eu à se prononcer sur ce point.
Madame la maire, mes cherEs collègues,
Les conclusions de la MIE (mission d’information et d’évaluation) sur l’ouverture dominicale ont été partagées au sein de notre majorité et elles méritent d’être rappelées.
La première est sans appel : « le repos du dimanche est un principe auquel on ne peut déroger sans raisons importantes ».
Cette déclaration s’appuyait sur une série de principes que je veux citer :
Le repos dominical est un principe essentiel de la société française, fondamental aussi bien pour la protection des salariés que pour la cohésion sociale.
Il est indispensable à la vie personnelle, familiale, amicale, sportive et culturelle.
Il faut donc des raisons puissantes pour y déroger : c’est principalement le cas pour les services ou commerces indispensables au fonctionnement de la société (sécurité, santé), pour l’alimentation et pour l’organisation des loisirs (sports et culture entre autres).
Vous nous dîtes que c’est pour des raisons économiques et sociales que vous avez choisi de porter au maximum de 12 dimanches l’autorisation d’ouvrir. Vous déclarez que face aux ZTI (zones touristiques internationales) il faut sauver le commerce de proximité, ce que nous partageons comme objectif, mais certainement pas en courant derrière la grande distribution.
Là encore, la MIE a conclu à la majorité que les effets économiques et sociaux de telles ouvertures seraient probablement négatifs :
- effets sur les achats des résidents : la plupart des experts conviennent que le montant global des achats est déterminé par des facteurs infiniment plus décisifs que l’ouverture dominicale.
- Le travail dominical pèse d’abord sur les femmes (70 à 80 % des salariés du commerce), et il est regrettable que les partisans d’une ouverture dominicale très élargie n’évoquent jamais cet aspect pourtant central. La conciliation entre vie professionnelle, vie familiale et vie sociale est déjà complexe pour les femmes ; le travail dominical la rend encore plus difficile. Pour celles – environ 50% – qui sont chefs de famille, la garde des enfants le dimanche grève lourdement leur budget.
Enfin la MIE a souligné que l’ouverture dominicale comportait des conséquences environnementales non négligeables :
Ni la consommation massive d’énergie (électricité, gaz, chauffage, climatisation), ni la multiplication des trajets, notamment en voiture puisque les transports publics sont plus rares le dimanche, ne nous paraissent correspondre à l’idéal de sobriété énergétique que s’est fixé Paris.
En ce qui concerne les dimanches « dérogatoires» la position de notre majorité ne souffrait d’aucune ambigüité :
Nous considérons que dépasser de quelques unités le chiffre actuel de 5 est envisageable, mais qu’il ne doit pas y avoir automaticité : ces autorisations, devraient être délivrées par la Maire de Paris après avis des maires d’arrondissement concernés.
En choisissant d’aller au maximum prévu par la loi, vous ne vous inscrivez pas dans les conclusions et recommandations de la MIE.
Vous vous trompez en croyant sauver le petit commerce de proximité en développant les ouvertures dominicales. Les coûts pour ces petits commerces seront proportionnellement bien supérieurs à ceux des grandes enseignes ou des chaînes et cela se traduira en réalité par une accélération de la fragilisation du petit commerce.
L’APUR a d’ailleurs publié lundi 7 novembre une nouvelle étude sur le commerce de proximité mettant en évidence les carences et fragilités du petit commerce qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’ouverture dominicale. Peut-être faudrait-il demander à l’APUR de poursuivre ses travaux en intégrant spécifiquement cette dimension afin de ne plus avoir des discours convenus sans base indiscutable.
Pour les écologistes, la fin est dans les moyens. Affirmer qu’il faut sortir du tout consumérisme et de l’avoir au profit de l’être et du vivre ensemble, doit se traduire en acte.
Or nous assistons jour après jour à une volonté de toujours favoriser l’activité purement commerciale au détriment des activités culturelles, sportives, de loisirs.
Ce même gouvernement qui promeut les ZTI au motif qu’il s’agirait de favoriser les touristes ne dit et ne fait rien pour les musées nationaux toujours fermés le mardi. On voit bien où sont ses priorités, sa vision de la société, son tropisme vers le passé.
J’ajoute qu’en ce jour funeste pour les Etats Unis et bien au-delà pour l’avenir de notre planète, ce n’est pas l’incantation à l’alignement inconditionnel du 1er secrétaire du PS de l’ensemble des forces progressistes qui ouvre des perspectives positives. De même ce n’est pas l’alliance avec la droite sur des sujets aussi importants que ce dossier ou la privatisation des services publics qui redonnera confiance à celles et ceux qui sont tentés par le vote protestataire.
Madame la Maire, vous avez jusqu’à présent su vous préserver de cette vision rétrograde de la société en prenant en compte toutes les composantes de votre majorité.
Nous vous demandons de résister encore et de ne pas aller au-delà des 5 dimanches de droit pour les commerces.
Vous comprendrez Madame la Maire qu’en l’état vous nous invitez à voter contre cette délibération qui va à l’encontre de ce que votre majorité défendait il y a quelques mois.
C’est ce que nous allons faire.
Une réflexion au sujet de « Ouverture des commerces le dimanche : une erreur qui va fragiliser le commerce de proximité »