Les catastrophes qui se succèdent au Japon sont dramatiques. Subir un tremblement de terre d’une telle intensité est déjà particulièrement douloureux même pour un pays qui a multiplié les précautions dans ce domaine.

Le Tsunami qui a suivi a, hélas, causé des dommages d’une tout autre ampleur et les morts se compteront sans doute par milliers voire dizaines de milliers.

Cela est dramatique mais les humains ont peu de responsabilités.

En revanche la catastrophe nucléaire en cours est bien l’oeuvre de décisions humaines aussi folles qu’irresponsables.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, tout le monde sait quels dommages irréparables l’atome peut produire. Malgré cela, de très nombreux gouvernements, de gauche comme de droite, en France comme à l’étranger, ont multiplié les installations nucléraires. La France s’est même faite la championne du monde au plan commercial, cherchant à caser partout ses produits meurtriers.

Car le nucléaire n’est pas sans danger, la triste situation au Japon le rappelle douloureusement.

Le nucléaire est dangereux pour ses déchets que personne ne sait traiter correctement et qui sont légués aux générations futures pour des dizaines de milliers d’années. Mais le nucléaire est encore plus dangereux au sein même des centrales nucléaires car rien ne peut garantir contre des accidents aux conséquences gigantesques.

La folie humaine consiste à vouloir maîtriser des phénomènes physiques d’une rare complexité, qui sont certes gérables dans des laboratoires, mais qui prennent une autre dimension lorsqu’il s’agit d’exploitation industrielle, a fortiori dans des installations vieilles de plus de 40 ans.

Le cynisme ou la bêtise des responsables de l’IRSN hier sonnait comme un outrage aux victimes de la centrale de Fukushima. Dire qu’il n’y a aucun risque, que tout est sous contrôle, qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir, c’est se moquer du monde, c’est mépriser celles et ceux qui sont morts ou gravement blessés et celles et ceux qui mourront prochainement des irradiations. Entendre Eric Besson enfourcher le même discours est peu surprenant tant il nous a habitué à dire n’importe quoi. Mais l’entendre aujourd’hui accuser le gouvernement japonais de ne pas avoir donné les bonnes informations pour justifier ses énormités d’hier est proprement scandaleux. M. Besson dont l’honneur n’existe manifestement pas, devrait être envoyé sur place pour aider les populations en grandes difficultés. Pour une fois peut-être servirait-il à quelque chose de positif.

Les premiers résultats des mesures indépendantes sont très inquiétantes. Elles laissent penser que nous sommes devant une catastrophe équivalente ou presque à celle de Tchernobyl même si la forme est différente, plus progressive, donc moins immédiatement perceptible.

Et en France ?

Nathalie Kosciusko-Morizet aurait pu saisir l’occasion de cette catastrophe pour démontrer qu’elle a une réelle fibre écologique. Mais en bonne libérale, elle a fait primé les intérêts financiers avant tout et a donc osé déclaré que le nucléaire était « une bonne énergie »… Elle a perdu ce faisant toute légitimité et toute crédibilité.

Quant à la gauche son silence fait peine à voir. Quel silence assourdissant du Parti socialiste et du Parti communiste ! Il est stupéfiant qu’ils soient incapables de se rendre compte que leur soutien au nucléaire pendant des décennies les conduisait dans une impasse. Il sera indispensable que cette question constitue un des points cruciaux des discussions en vue de 2012.

En attendant, comme le réclament notamment, Nicolas Hulot et Dany Cohn-Bendit, il faut organiser un référendum en France sur la sortie progressive du nucléaire et son remplacement par une sobriété et une efficacité énergétiques qui pourraient conduire à la satisfaction des besoins par les seules énergies renouvelables.