Vendredi 8 août, à 11h30 les obsèques de Blandine Vecten ont eu lieu au Père Lachaise.
Cérémonie forte au cours de laquelle son compagnon, Antoine Comte, et de nombreux amis ont dit adieu à Blandine.
Chacun et plus encore chacune a dit qui était Blandine et à quel point il ou elle avait été marqué par sa personnalité.
J’ai rencontré Blandine pour la première fois dans des circonstances étonnantes. Etant allé acheter du mobilier dans une grande enseigne en banlieue, j’ai eu la surprise de voir une jeune adolescente frapper au carreau de ma voiture pour me demander si je pouvais la raccompagner à Paris. C’était Rafaëlle, la fille de Blandine et d’Antoine, trempée par une averse diluvienne, qui cherchait un véhicule car celui de ses parents venait d’être dérobé. Je ne la connaissais pas alors, pas plus que sa mère qui attendait un peu plus loin avec le chariot rempli d’objets.
Quelques jours plus tard, lors d’un rendez-vous avec Antoine, je découvrais les liens les unissant !
Blandine avait été victime d’un réseau organisé qui repérait les clients à leur entrée pour disposer du temps nécessaire pour accomplir leur forfait.
Blandine, bien qu’elle n’ait jamais eu l’âme d’une victime, le fut pourtant une seconde fois d’une autre forme de réseau : le cabinet noir de Mitterrand qui la plaça sur écoute téléphonique dans l’affaire des Irlandais de Vincennes. Les malfrats ne sont pas toujours uniquement là où on s’attend à les trouver.
Ancienne militante politique, Blandine avait choisi une façon bien à elle d’améliorer la vie des autres : défendre ses convictions par des prises de positions publiques et agir au quotidien pour être en cohérence avec ses convictions.
En s’installant comme libraire dans un quartier populaire dépourvu de bibliothèques, en permettant aux enfants de toucher et lire les livres dans le magasin, elle mettait en œuvre ce qu’elle défendait par ailleurs : « Ce n’est pas la publicité mais le conseil et l’envie de lire qui doivent rester les principaux déclencheurs de l’achat« .
Sa librairie, Libralire, joua un rôle essentiel sur le plan culturel dans ce quartier du 11è, tant pour les habitants que pour les écoles.
D’une certaine façon elle détenait la meilleure des armes pacifiques qui soit: celle de la culture qui rend libre.
San action locale lui valut d’être désignée au Conseil de quartier, preuve du rôle qu’elle jouait localement.
Cette activité forte et ce travail incessant de terrain démontrèrent que l’engagement politique ne se réduit pas aux élus et/ou militants des partis mais que des citoyens et citoyennes engagéEs peuvent agir pour changer notre société.
Lorsque le quartier appris la nouvelle de sa maladie et son départ de la librairie, la devanture devint un immense dazibao de remerciements. Quelle façon admirable de lui dire ce qu’elle avait apporté à ce quartier et ses habitants !
Blandine était une femme de caractère dont la voix et le regard ne laissaient aucun doute sur sa détermination et sa capacité à ne pas se laisser impressionner par quiconque. Elle reposera au Père-Lachaise près de personnages qu’elle a côtoyés dans sa librairie : de Beaumarchais, Anne de Noailles, Richard Wallace, Saint-Simon, Juliette Dodu, Mme Sans-Gêne… A un titre ou un autre, ces personnages ont des points communs avec Blandine. Nous leur devons beaucoup comme nous devons à Blandine.
Je suis certain d’être l’interprète de beaucoup en lui disant MERCI !
j étais une amie de jeunesse de Blandine , belle , fougueuse Blandine . Nous avons travaillé ensemble à la fnac, milité ensemble, la vie nous avait séparé . Mais j ai toujours pensé à elle, son intelligence, son charme, j ai vraiment beaucoup de chagrin …