L’ancien Président de la République a pu échapper à la justice pendant des années grâce à l’adoption d’un statut sur mesure.
L’ancien Maire de Paris va-t-il enfin devoir s’expliquer sur des faits avérés ? Rien n’est moins sûr.
Dans une tribune publiée par Le Monde, J. Chirac tente de justifier les chargés de mission qui étaient payés par la Mairie de Paris par les différentes fonctions qu’il occupait à l’époque. Outre que cela montre à quel point le cumul des mandats est une mauvaise chose, la ficelle est un peu grosse. Si en effet l’ancien Maire de Paris n’avait rien à se reprocher, pourquoi son parti politique aurait-il remboursé à la Ville de Paris les salaires indûment versés pendant la période considérée ?
L’UMP a reconnu que les emplois étaient bien fictifs. L’ancien président du groupe UMP au Conseil de Paris, C. Goasguen) a ainsi déclaré : « Je voudrais dire très simplement que je me félicite que le président de l’U.M.P. (N. Sarkozy) ait accepté de régler les dettes d’un parti politique qui était le sien. Je souhaite véritablement que cet épisode, qui a coûté fort cher, non seulement sur le plan financier mais sur le plan électoral car les sanctions ont été les sanctions, tourne une page que nous assumons et une page sur laquelle je voudrais quand même qu’il ne soit pas fait d’extrapolation.»
Cela vaut reconnaissance de l’illégalité de la pratique et donc condamnation de ce qui s’est fait. Il sera donc intéressant de voir comment l’ancien Président du RPR répond à son successeur.
Il est fort probable que si les procédures vont à leur terme, un procès puisse se dérouler dans quelques années. Or tout porte à croire que la jurisprudence déjà appliquée pour la fraude électorale à Paris ou les marchés truqués en Ile de France, serve à nouveau : l’ancienneté des faits sera un prétexte à une condamnation symbolique voire à une absence de condamnation. C’est cela la justice à deux vitesses française. Lorsque l’on arrache un épi de maïs OGM on est condamné très rapidement, mais quand on est un homme politique de premier plan, on peut attendre plus de 15 ans avant de voir les faits arriver devant un tribunal.
Pour être à l’origine, avec d’autres militants Verts, de la plainte contre la fraude électorale à Paris, je constate que l’appel du premier jugement va se traduire par un nouveau procès en mai 2008, soit plus de 18 ans après le dépôt de plainte. Or en première instance l’ancienneté des faits a déjà servi de prétexte pour ne pas prononcer de peine d’inéligibilité pour les condamnés. Doit-on pronostiquer que le remboursement par l’UMP des salaires versés à ces emplois de complaisance suffira comme sanction ?