La première réunion du comité de suivi du Plan de protection de l’atmosphère (PPA) s’est tenue le mercredi 10 octobre : c’est ce comité, auquel j’ai participé, qui doit veiller à la mise en œuvre des mesures permettant d’atteindre les objectifs légaux de qualité de l’air en Ile de France.
Première constatation : le gouvernement n’est pas particulièrement pressé d’agir contre la pollution de l’air, qui pourtant, de son propre aveu, continue de « tuer à petit feu » (rapport du vice-président du Sénat Philippe Richert publié en 2006).
En effet, il a fallu pas moins de quinze mois à l’Etat pour organiser cette réunion – le plan a été publié en juillet 2006 -, alors qu’il avait déjà fallu cinq ans à l’Etat pour élaborer le plan lui-même!
Dans son rapport d’analyse du PPA, AIRPARIF, l’organisme chargé de surveiller la qualité de l’air en Ile de France, estime que tel qu’il est conçu, le PPA se traduira, après sa mise en œuvre, par une population de deux à quatre millions de personnes en Ile de France qui continueront de respirer un air pollué, c’est-à-dire ne répondant pas aux normes européennes. Cela représente entre un tiers et un sixième de la population de notre région !
Concrètement, cela veut dire que des centaines de milliers de personnes vont continuer à souffrir de maladies respiratoires provoquées par la pollution de l’air, et que l’on constatera chaque année des décès « prématurés » liés à la piètre qualité de l’air que nous respirons.
Cette situation provient d’un mensonge éhonté de l’Etat. Chargés d’élaborer le PPA, les services de l’Etat n’ont eu de cesse de ne prendre aucune décision visant à réduire la circulation automobile, pourtant principale responsable de la pollution de l’air. Au contraire le PPA prétend que, naturellement, sans rien faire, les progrès des constructeurs automobiles suffiront à régler le problème. Pourtant il s’avère que ces progrès ne produisent pas les effets attendus. Ainsi AIRPARIF vient de révéler que les pots catalytiques ont un effet négatif très important sur les émissions de dioxyde d’azote. Or les constructeurs français misent tout sur le diesel avec pot catalytique. De même la RATP ne jure que par ce modèle. Les agrocarburants privilégient également cette conception. Bref on va dans le mur et on accélère.
De plus AIRPARIF a confirmé que les nouvelles modalités de mesure des particules fines (PM10) démontrent que le seuil maximal autorisé est dépassé plus de 155 jours depuis le début de l’année alors que les règles européennes n’autorisent un dépassement que 35 jours par an !
Devant une telle situation j’ai évidemment demandé au Préfet ce qu’il entendait faire puisqu’il doit (selon les lois) prendre les mesures nécessaires au respect de des normes.
La réponse a été édifiante : on va accroître la sensibilisation des automobilistes et poursuivre les opérations de communication en indiquant sur les réseaux routiers où se trouvent les embouteillages ! Incroyable !
Poursuivant ses travaux, le comité de suivi a appris que le Préfet allait prendre un nouvel arrêté en cas de pic de pollution. Mais là encore immense déception puisque les seuils d’alerte ne sont pas modifiés. Le Préfet se contente d’ajouter un seuil pour les particules fines, mais en le fixant à un niveau tel qu’il n’a pratiquement aucune chance d’être atteint.
J’ai déjà demandé au Ministre de l’environnement de revoir les décrets fixant les seuils d’information et d’alerte en cas de pollution. Les Amis de la Terre ont effectué la même démarche. Son refus ouvre la voie à un recours devant la juridiction européenne. Une fois de plus la France se distingue par son incapacité à transposer en droit français les directives européennes en matière environnementale.
Quant à la pollution générée par les agrocarburants, c’est le comble : personne n’a jamais mesuré les émissions et j’ai demandé au Préfet de lancer les études en la matière. Là encore, la réponse fut dilatoire : attendons de voir ce qui sort du Grenelle…
Pendant que l’Etat se contente de réunir des comités « Théodule » et continue de céder aux groupes de pression qui menacent notre santé, la Ville de Paris agit sous l’impulsion des Verts : développement de l’offre de transports en commun, encouragement de l’usage du vélo avec l’aménagement de pistes cyclables et la création de Vélib’, politique tarifaire du stationnement qui vise à décourager les déplacements pendulaires…adoption du plan climat( alors que le gouvernement refuse obstinément de lier la question de la pollution et la question climatique).
A deux semaines du Grenelle, on mesure chaque jour la distance de plus en plus grande entre les discours du gouvernement et ses actes : des demi-mesures qui ne répondent pas à l’urgence sociale, sanitaire et environnementale.
Éco-lettre : régulièrement, un courriel de nouvelles de ma délégation à la Ville de Paris (environnement, propreté, espaces verts, traitement des déchets et cimetières) – n° 30
Moi je m’étonne et je m’offusque que le gouvernement ne se serve pas d’une technologie capable de détruire les polluants dans l’air: La photocatalyse. Solution économique et durable, la photocatalyse permet de détruire les polluants organiques dans l’air, dans l’eau et sur les matériaux. Alors à quoi bon polémiquer sur le sujet de la pollution si on n’est même pas capable d’agir en se servant de solutions existantes et efficaces…