Lors de la fête de l’Huma, le PCF de Paris m’a invité à débattre avec Alain Hayot, responsable de la commission environnement du PCF, considéré comme le penseur du développement durable dans son parti.
Le thème était « Quelles énergies pour demain ? »
Débat fort intéressant et instructif sur les évolutions en cours au sein du PCF représenté également par Francis Combrouze et Jean Vuillermoz (président du groupe PC au Conseil de Paris) et en présence de Patrick Sadones représentant du Réseau Action Climat.
Nous avons pu aborder tous les aspects du dérèglement climatique sans aucun tabou, de même que toutes les questions liées à la production énergétique et à son transport et même la question du nucléaire.
L’accord fut facile à trouver sur l’ampleur de la crise planétaire face aux changements climatiques et à l’urgence à apporter des réponses. Alain Hayot partage la quasi-totalité des analyses que les Verts développent depuis des années et il était assez satisfaisant de l’entendre faire le procès du productivisme y compris, précisa-t-il sous les régimes communistes des pays de l’Est. De même nous nous sommes retrouvés sur la nécessité d’investir massivement dans les énergies renouvelables, dans le transfert massif du fret vers le ferroviaire et le fluvial, sur la question de la réduction de la production des biens énergivores ou le développement de l’être sur l’avoir, etc.
Notre accord sur le maintien d’un service public de l’énergie s’est également doublé d’un accord sur la nécessité d’une réforme radicale d’EDF et GDF pour les démocratiser et les décentraliser.
Evidemment la question la plus délicate concernait le nucléaire. Alain Hayot s’est déclaré partisan d’un mix énergétique faisant une part de plus en plus importante aux énergies renouvelables mais pense qu’il faut avoir une période de transition assez longue avant de se prononcer sur l’éventuel arrêt du nucléaire. Il ne croit pas que ce soit possible à court ou moyen terme, craignant un recours accru aux énergies fossiles et donc aux émissions de CO² si on arrêtait trop tôt le nucléaire.
Cela me paraît intéressant car je constate qu’il n’y a plus d’opposition de principe vis-à-vis des Verts mais au contraire des interrogations de plus en plus grandes sur cette filière et son avenir. Evidemment le PCF ne va pas changer du tout au tout en quelques années et il faut s’attendre à devoir encore supporter des critiques pendant longtemps, mais que ce soit un des plus importants responsables de ces questions au sein du parti qui tienne ce discours représente incontestablement le signe d’une évolution positive.
Je pense que cette évolution s’accélèrera car tous les arguments sur l’avenir du nucléaire tombent les uns après les autres : faible efficacité, danger pour les populations futures, conditions scandaleuses faites aux salariés qui extraient l’uranium, secret militaire, risque de prolifération, etc. Le PCF n’apporte aucun contre argument si ce n’est les faibles émissions de CO² ce qui reste à prouver si l’on internalise l’énergie nécessaire à la construction des centrales et celle liée à la gestion des déchets pendant toute leur durée de vie.
Bref, un débat riche de perspectives à terme et dans un climat d’écoute et de tolérance qui fait plaisir.