Après les dernières négociations avec les partenaires de la majorité municipale, le projet de plan climat voit le jour sous les meilleurs auspices…
Fin 2004, j’ai proposé au Maire de Paris de lancer un plan climat pour Paris. Inutile de dire qu’à cette époque cette suggestion a été accueillie avec la plus grande circonspection. Il n’était pas encore question de Grenelle de l’environnement et le PS était plutôt préoccupé de savoir qui le représenterait dans la course à l’Elysée.
Cependant comme il était difficile de refuser une telle démarche, la mécanique s’est mise en route et, comme souvent en pareil car, la dynamique citoyenne a balayé les réticences. Les centaines et centaines de Parisiens et Parisiennes qui ont écrit le livre blanc du climat pour Paris ont été les meilleurs supporters que je pouvais espérer.
Après bien des atermoiements, le projet de plan climat pour Paris est enfin prêt.
Il sera soumis à l’ensemble des éluEs parisienNEs au cours des prochaines semaines.
Je vous en trace ici les grandes lignes.
Le plan climat s’appuie bien évidemment sur le bilan carbone de Paris que j’ai fait réalisé au cours de l’année passée. Cela permet de mesurer les émissions par secteur d’activité. Vous en trouverez les résultats à l’adresse suivante : bilan carbone.
Les bâtiments émettent environ 1,75 million de tonnes équivalent carbone (MTeqC), les transports de personnes également (1,75 MTeqC) ainsi que les transports de marchandises (1,75 MTeqC) et la consommation et les déchets 1,3 MTeqC.
Le tourisme pour sa part représente 4,5 MTeqC compte tenu des déplacements en avion.
Le plan climat parisien repose sur deux axes. Le premier reprend les thèmes sur lesquels nous pensons qu’il faut intervenir pour empêcher les catastrophes liées au dérèglement climatique de se multiplier, le second défini les niveaux de responsabilité des uns et des autres.
Les objectifs du plan climat sont ambitieux : réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre et les consommations énergétiques pour le parc municipal d’ici 2020 tout en portant la part des énergies renouvelables à 30%.
Sur l’ensemble du territoire parisien, les objectifs sont fixés à 25% allant ainsi bien au-delà des objectifs européens (20%).
Nous réclamons pour ce faire que l’Etat ne nous freine plus dans nos politiques en matière de réglementation thermique, de circulation des véhicules les plus polluants ou de clauses environnementales fortes dans les marchés que nous lançons.
En matière de bâtiments, nous fixons à 50 kWh/m²/an le maximum d’énergie primaire consommée pour le chauffage, l’eau chaude, l’éclairage, la ventilation. Pour les rénovations ce niveau est fixé au maximum à 80 kWh/m²/an. Cela nous place au meilleur niveau européen et sans doute mondial. Pour les 3000 bâtiments de la ville, un audit devra être réalisé d’ici 3 ans.
Les logements sociaux seront évidemment traités en priorité avec les 55000 logements plus énergivores (sur un parc total de 200 000) rénovés à ces normes dans les 12 ans qui viennent.
Dans les ZAC, les objectifs sont encore plus ambitieux puisqu’il s’agit d’arriver à un bilan carbone nul dans la ZAC des Batignolles, soit sur 40 hectares.
Pour les immeubles privés nous lançons un plan d’expérimentation sur 300 immeubles pendant 3 ans afin de dégager les meilleures pratiques et donner aussi aux professionnels le temps de se former.
Nous voulons également réduire de 30% la consommation liée à l’éclairage public d’ici 2020.
Côté transports nous reprenons naturellement les objectifs du Plan de déplacements pour Paris (PDP) élaboré par Denis Baupin et nous ajoutons quelques mesures comme l’achat massif de véhicules hybrides et la réduction en 3 ans de 10% de la flotte municipale.
Au plan de la consommation, les principales mesures concernent l’alimentation en bio dans toute la restauration dépendant de la Mairie pour arriver à 20% dès 2010 et le plan de réduction des déchets qui fixe un objectif de -15% d’ici 2020.
Les énergies renouvelables seront utilisées en priorité et les économies recherchées par le recours au chauffage collectif le moins émissif. Les marchés de la Ville de Paris devront comprendre au moins 30% d’électricité verte d’ici 2020. C’est sur ce point qu’il me semble que nous pourrions aller plus loin, mais nos partenaires restent scotchés au nucléaire…
J’ai cependant obtenu la création d’une agence parisienne du climat qui devra devenir la référence tant pour les projets de la Ville que pour tous les acteurs du territoire parisien.
Tout cela ne pourra se faire sans un travail important de formation des acteurs et de sensibilisation de toute la population. Diverses actions sont donc envisagées.
Il faudra également dégager des moyens financiers. Chaque année le budget de la Ville devra faire apparaître les sommes allouées au Plan climat. De plus des partenariats sont recherchés pour impliquer le secteur bancaire (prêt à taux zéro, etc.) et réduire la fracture énergétique. Des aides à l’investissement en matériel moins consommateur sont donc prévues pour les ménages à faibles ressources.
Il est demandé au Gouvernement de prendre des initiatives fortes dans le secteur aérien, le plus émissif, pour que ce secteur soit pris en compte dans les prochaines négociations internationales, que le kérosène soit taxé à son juste niveau, que les compagnies aériennes soient soumises à des quotas d’émission au même titre que les industries.
Ce Plan climat devra faire l’objet d’un suivi et j’ai souhaité qu’il soit participatif, tout comme son élaboration. Une instance de suivi sera donc créée dont les modalités restent à préciser. Merci mille fois à toutes celles et tous ceux qui ont participé à l’élaboration de ce plan climat dont j’ai la faiblesse de croire qu’il marque une rupture réelle avec les schémas de pensée antérieurs.
Que la Ville donne l’exemple, c’est très très bien, mais l’immense majorité des immeubles est privée, il faudrait donc donner à tous les citoyens des informations pour que les rénovations ou modifications profondes de son habitat soient dès maintenant à l’ordre du jour de leur reflexions. Concrètement comment on peut inciter les habitants des villes (donc dans des habitats collectifs), à faire évoluer leurs pratiques pour faire diminuer la facture carbone. Sinon tout ce qui pourra etre fait par la Ville ne sera qu’une goutte d’eau , au delà de l’exemplarité éventuelle.
Il s’agit bien de faire évoluer les mentalités en proposant des aides, y compris financières aux co-propriétés. Un dispositif spécifique sera mis en place depuis l’assistance aux assemblées générales de co-propriétaires en passant par le diagnostic de performance énergétique jusqu’au choix des travaux à effectuer.